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LE CAHIER DU SOIR de LORRAINE
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29 octobre 2008

LE CINEMA D'AUTREFOIS


   Tout le monde ne peut en dire autant : j’ai connu toute petite le cinéma qui s’offrait encore le luxe de trois films consécutifs : les actualités, le comique et le sentimental. J’avais quatre ou cinq ans, et je comprenais à ma façon les cavalcades du cow-boy intrépide qui vous arrachait un homme de son cheval d’un ample lancer de lasso, ou la cavalcade d’Indiens surgissant de l’immensité à la poursuite d’une diligence.

     Des valses langoureuses emportaient des demoiselles en crinoline et leurs séduisants cavaliers. Certaines intrigues me laissaient perplexe, mais j’ai pressenti très vite les complications amoureuses et si « Ben Hur » me secoua un peu, je n’eus aucune peine à approuver ; dans je ne sais plus quel film, l’enlèvement par un jeune noble d’une espagnole recluse derrière les barreaux de sa fenêtre aux lourds rideaux !

    Je restai longtemps éblouie par les films de cape et  d’épée. Le saut que le jeune premier fit depuis la balustrade d’une galerie n’a pas fini de m’impressionner ! S’accrochant  à une tenture de brocart, il atterrit un étage plus bas, le fleuret à la main, le pourpoint avantageux, le poignet de dentelle expressif, pour abattre d’une botte fulgurante le prince félon. Ainsi, de semaine en semaine, je m’instruisais aux méandres des amours heureuses ou malheureuses.

Le cinéma à domicile

    Mes poupées ne furent jamais des poupées, mais des personnages. Comment s’en étonner ? J’en avais trois ou quatre pas plus hautes que l’index, plus une négresse en pagne et une jolie demoiselle à la tête de porcelaine. Je projetais sur elle mon univers secret, mes doigts agiles les courbaient en révérences, les entraînaient dans des valses de cour, les emportaient dans des carrosses. Je ne leur cousais pas de robes, ne les berçais pas pour les endormir, mes rêves habillaient de pourpre cette marquise d’un soir, moulait d’un justaucorps le page aux cheveux blonds, une musique chantait à mes oreilles, des bateaux d’argent voguaient sur la mer et, éblouie, je partais vers l’aventure. Dartagnan_musketeers La maisonnette reçue à la St Nicolas devint un château par les fenêtres desquelles les seigneurs enlevaient leurs belles, ils les emmenaient en croupe vers des destins somptueux qui me ravissaient d’aise. Je n’en soufflais mot à personne, tout le monde croyait que je jouais à la poupée alors que je jouais à l’amour !

    Aujourd’hui, le cinéma joue à la mort !...

Passante


 

Illustration "Les trois mousquetaires" (Wikimédia Commons)



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Commentaires
P
Je gardais mon chapeau sur les genoux...Il valait mieux! Surtout quand il arborait une plume...A Bruxelles, les cinés modernes sont combles; dans le Braband wallon, ma fille m'a dit qu'il y avait un "cinéma de quartier" qui venait de se rouvrir et attire la foule. A côté, comme au bon vieux temps, s'est ouvert un petit resto (ce qu'ici on appelle "fritkot" ou marchand de frites)qui marche du tonnerre. Tout le monde n'a pas envie des écrans géants, de la sonorité un peu effrayante à certains moments, des files d'attente, des bousculades, c'est sans doute pourquoi ce cinéma (qui semble révolutionnaire) et en train de faire fortune!
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L
et les cinémas de quartiers... les premières oeillades, les salles pleines, les chapeaux des dames...<br /> maintenant, à Draguignan, quand il y a 30 personnes, il y a du monde... je pouffe :-)
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