LE VAGUE A L'AME
S'il est une expression qui traduit bien un certain état d'esprit, c'est le "vague à l'âme". Ni vraiment tristesse, ni vraiment souffrance, elle reflète ce que j'éprouve en ce moment: un flou hésitant, une fatigue indéterminée, aucun goût particulier ni d'ailleurs aucune vraie détresse. Simplement l'envie d'abandonner d'un coup d'oeil indifférent les petits devoirs quotidiens et de me fourrer au lit.
Qui m'en empêche? Personne. Sinon moi...Car la vieille habitude d'être "un petit soldat" bien rodé, me prend alors à la gorge. Je m'entends murmurer: "Non, surtout pas, tu n'en sortirais plus, de ce lit". Ce qui est faux. J'en sortirai certainement, je me connais, il me suffit souvent de m'étendre pour récupérer très vite le moral. Et d'être à nouveau debout en deux temps trois mouvements.
Alors? Le "vague à l'âme" est vigilant. Il me dit oui, il me dit non, pour bien m'enfoncer dans l'incertitude. Car il sait, le bougre, que je n'ai jamais supporté l'indécision. Que l'action est mon moteur, la nonchalance mon refus. Il sait que je ne coupe pas les cheveux en quatre, donc il me renvoie l'image de quelqu'un qui hésite, histoire de m'énerver un peu. Il a plus d'un tour dans son sac, le vague à l'âme. Il chuchote: "Regarde comme il fait beau dehors. Tu n'as pas envie de sortir?". Si, évidemment...mais je n'en ai pas le courage. Me l'avouer c'est retomber dans ses rets.
Allons, je sais aussi que le vague à l'âme est passager. Que le secouer c'est d'abord y réfléchir. Et pour bien y réfléchir, c'est décidé: je vais me fourrer au lit...
PASSANTE