Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LE CAHIER DU SOIR de LORRAINE
LE CAHIER DU SOIR de LORRAINE
Publicité
LE CAHIER DU SOIR de LORRAINE
Visiteurs
Depuis la création 178 214
Newsletter
48 abonnés
Derniers commentaires
Archives
8 décembre 2008

VOUS ETIEZ PROFESSEUR DE FRANCAIS...

    Mon « Bonheur du jour » aujourd’hui, c’est vous, Mademoiselle C. Je n’ai jamais connu votre prénom. Et pourtant, trois fois par semaine, vous étiez là, sur l’estrade des secondaires où pendant quatre ans vous nous avez appris  le « français ». Je me suis éveillée avec votre visage, ce matin, et un flot de souvenirs vous accompagne. Alors, je vous les dédie...

    Je vous revois, la quarantaine discrète et élégante, vos livres sous le bras, entrant dans la classe avec le sourire. Le « français », c’étaient la grammaire et son cortège, le participe présent  du verbe « oindre »  (oignant) ou le présent du subjonctif : (que j’oigne) et bien sûr l’impératif (oignons !...).Mais là ne s’arrêtait ni votre science ni votre sens de l’humour. J’appris  à dire : « je décollette », avec deux « l » et deux « t ». Et ce qui « barbait » les autres me passionnait... L’ «Anthologie des Poètes français » devint, grâce à vous, mon livre de chevet. Le soir, dans mon lit, je lisais des textes d’André Theuriet qui parlait si bien de la nature, j’apprenais par cœur des poèmes d’Emile Verhaeren (et j’étais fière d’être Belge !), je découvrais Claudel (trop peu), François Coppée (il était à la mode), Sully Prud’homme dont « Le Cygne » m’emportait vers "la grotte où le poète écoute ce qu'il sent...", j’écoutais tonner en moi Victor Hugo et sa "Conscience" . "L’œil était dans la tombe et regardait Caïn » me posait des questions, me ramenait en arrière, me coupait le souffle, m’enchantait et me terrifiait.

    Et enfin, ii y avait les rédactions. Mon cœur battait quand vous lisiez le premier nom de votre liste de copies...C’était souvent moi, ou j’étais  la seconde, l'une de celles qui, le cœur battant venaient lire leur texte devant la classe. C’était pour vous que j’écrivais le jour même où vous nous donniez le sujet.  Pour moi aussi, bien sûr, mais votre intérêt me soutenait, me portait, me donnait des ailes et des mots. Je vous dois d’avoir affermi cette volonté d’écrire, malgré les difficultés financières, les études interrompues trop tôt (je devais gagner ma vie !), le courage de poursuivre envers et contre tout, en autodidacte, jusqu’à atteindre mon but. A 15 ans je voulais être romancière. A 30 ans j’étais journaliste. Et j’ai adoré mon métier. Vous auriez été contente de le savoir. Vous êtes partie trop tôt..

    Mais aujourd’hui, je vous le dis et je sais que, quelque part, comme autrefois, vous m’écoutez...

corbeille_rose

PASSANTE

Publicité
Publicité
Commentaires
L
Ces professeurs ignoreront toujours l'influence qu'ils ont eue. Ils nous ont instruit mais en même temps, nous ont insufflé l'amour qu'eux-mêmes portaient à la matière enseignée; il suffisait d'un sourire discret de mon professeur de français pour que ma journée soit illuminée. Je lui suis infiniment redevable. Sans elle,et parce que personne n'y croyait, je pense que je n'aurais pas eu le courage de "vouloir" écrire ni surtout d'en faire ma profession!
Répondre
E
il y a des personnes comme cela qui orientent votre vie, il suffit souvent d'un encouragement amical, honneur à ces professeurs
Répondre
P
Oui, Tilleul, il y a encore des bons professeurs, de ceux qui, aimant leur métier, passent au-dessus des difficultés actuelles et laissent leur empreinte dans le coeur et l'esprit des jeunes. Même si ce n'est pas toujours facile!
Répondre
P
Merci, Lecouret. Je l'aimais et je l'admirais. A 18 ans, je l'ai rencontrée par hasard dans la rue et elle m'a invitée à prendre le thé chez elle. Nous avons beaucoup bavardé. Elle m'a dit combien elle était heureuse de m'avoir eue comme élève. Je ne l'ai jamais oublié. Plus tard, quand fatiguée j'étais tentée d'abandonner l'étude solitaire, son souvenir me rendait courage. Je donnais un coup de collier et je reprenais la plume. Je lui dois beaucoup, beaucoup...
Répondre
T
C'est un bel hommage pour cette Madame C. Les professeurs jouent un rôle essentiel pour "l'éducation" de leurs élèves... ils leur donnent l'envie (ou non) d'apprendre dans tel ou tel domaine... Heureusement, des bons professeurs, il y en a encore...
Répondre
Publicité