LE BAL DES COCCINELLES
Dans la maison où j’habitais en ce temps-là, les coccinelles jouaient à cache-cache avec les vitraux des fenêtres. Mobiles, rouges, bleus, jaunes, ils doublaient la vitre proprement dite et on pouvait à loisir, en les rabattant, préférer leur lumière bigarrée ou la simple lumière du jour.
Les coccinelles s’étaient établies à quelques-unes entre ces panneaux et, au printemps, surgissaient, alertes, et allaient à leurs affaires. L’une escaladait les carreaux de couleur, l’autre choisissait l’appui de fenêtre pour s’y dégourdir les ailes, une troisième se déposait sur ma main, marchant un peu, acceptant la feuille de papier que je lui tendais comme un pont, atterrissant sur le bureau ou s’envolant jusqu’au vase fleuri.
Elles étaient mes porte-bonheur. Insolites et familières, elles logeaient chez moi quelque temps, disparaissaient mystérieusement, mais je les retrouvais au printemps suivant fidèles au poste.
On les appelle aussi « Bêtes à bon Dieu » et leur voltige annonce la douceur de mai. Le hasard faisant parfois bien les choses, j’ai découvert tantôt en feuilletant un magazine, que les coccinelles étaient rouges pour avertir les animaux prédateurs que leur sang était si néfaste qu’il risquait d’empoisonner ! Pas les humains, qui très souvent s’attendrissent devant ces petites bestioles.
Comme moi !...
PASSANTE