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LE CAHIER DU SOIR de LORRAINE
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8 juin 2009

L'AVANCEE EN AGE (15)

        29 mars

    C’est curieux, cet automne de la vie, où l’on balaie ses vieilles attaches comme on balaie les feuilles mortes. Je trie mes reliques ; Au panier, ces mots exaltés d’un jour de chagrin, au panier encore toutes ces archives, mes premiers articles dont j’étais si fières et que personne ne lira quand j’aurai fermé les yeux, ces journaux jaunis empilés dans la cave et qui contiennent toute ma carrière. Des lettres d’amis, des lettres d’amour que je n’ose relire, que garderai-je ? On ne peut transmettre son passé, il n’appartient qu’à moi et les autres n’y entendraient goutte.

    C’est pour éviter aux jeunes d’inutiles découvertes, des petits secrets pieusement gardés, que les parents détruisent les traces de leurs pas, le souvenir de leur propre jeunesse et ne gardent que les lettres les plus chères, qu’ils brûleront peut-être à l’extrême seconde, comme le fit maman. Elle ne nous laissa rien que son amour enfoui dans notre cœur, et navrées, nous avons en vain cherché sa chère écriture, celle de notre père, une photo, une relique. Rien. Elle faisait place nette. Elle est restée entière en nous, vivant de cette mémoire tenace que nous avons de ce qui fut notre bonheur le plus constant : elle.

    Irais-je jusqu’à cette extrémité ?  je ne pense pas. Je garderai un bout de ruban, une mèche de cheveux, des lettres. Seulement un petit tas discret qui_automne_Toussaint témoignera pour les enfants que la vie fut bonne et belle, malgré ses sinuosités.

    Pour moi, avancer en âge c’est savoir lucidement que l’on se rapproche de l’Heure et vivre en même temps comme si j’étais éternelle ! Quel tour de force ! Ce subtil et indispensable paradoxe alterne de longs moments de méditations et d’autres d’insouciance extrême. Je pense sereinement à la mort, la mienne, comme à un sommeil ou comme un adieu doux et déchirant ; puis je m’amuse à écouter ma petite-fille, à regarder un chat attentif derrière sa fenêtre quand je passe sur le trottoir et qui plonge dans les miens ses yeux d’améthyste, larges et énigmatiques.


    Les pigeons qui mangent jusqu’entre mes pieds sur la place inondée d’un froid soleil me ravissent ; la vie a un goût d’automne, parfumé de feuilles humides et rien pour moi n’a davantage de saveur. J’aime la vie même si j’attends la mort.  Elle est devenue une idée familière. Je suppose que tout le monde y vient, même si personne n’en parle. Elle épouvante peut-être certains ; elle en console d’autres ; les réalistes s’y résignent, quelques-uns s’agitent pour l’oublier et beaucoup font comme moi : ils s’y habituent.


PASSANTE
 

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Commentaires
L
Merci pour ce partage de l'émotion, chère Agnès. Bises à toi.
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L
Etre prête, c'est je crois la formule qui convient. Et cela n'empêche pas, au contraire, de "vivre" intensément ce qui nous est offert.
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L
Un sentiment de quiétude, comme je le souhaite, Maïté. Il y a tant de violence autour de nous, tant de dureté et d'incompréhension. Je souhaite la paix du coeur qui simplifie tellement la vie! Bises à toi.
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L
Bonjour à toi. Peut-être la mort est-elle une porte sur l'Ailleurs! Je veux y croire. Merci pour tes mots.
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A
Très émue par ton texte, Lorraine... que te dire sinon ce point noueux au fond de la gorge ?<br /> <br /> Je t'embrasse. Fort.
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