DES MOTS A FOISON
Quand je racontais à mon grand frère une histoire que je venais d’inventer, il me disait :
« Alors, l’Arsouille, tu racontes encore des carabistouilles, hein ? »
On riait tous les deux, complices, la phrase nous était familière, sans imaginer un instant que ces mots tendraient peu à peu à disparaître.
Je ne sais pas ce qu’ "arsouille " est devenu, mais « carabistoulle » a été sauvé par le Petit Robert après la publication il y a quatre ans de « Cent mots à sauver » de Bernard Pivot, qui le signalait à l’attention publique.
Il est vrai que la langue évolue, mais il est bon de garder en soi ces expressions désuètes qui rejaillissent parfois spontanément même si elles viennent de très loin. Maman me rabattait volontiers le caquet (j’étais bavarde) et affirmait que je me montais le bourrichon (j’étais romanesque). Et j’ajouterai que j’étais fort jeune. Aujourd’hui elle n’est plus là pour me gronder, ce que démentait le sourire de ses yeux bleus.
Mais je l’entends encore, dans mon cœur, lancer de sa voix claire à ma sœur aînée : « Ne fais pas ta Sainte-Nitouche, je sais bien que ce garçon te courtise »...
Eh oui, ces souvenirs me reviennent en deux coups de cuillère à pot, je ne me moque pas du tiers comme du quart, je dis simplement comme Bernard Pivot :
« Ayons de l’expressivité. En route, mauvaise troupe ! Fouette, cocher ! Et que ça saute ! »...
PASSANTE
"100 expressions à sauver» -Bernard Pivot de l’Académie Goncourt, Ed. Albin Michel. – 13,45 euros.