SOLITUDE FRAGILE
Il m’arrive de prendre tout à coup conscience du vide, ce vide affolant de la solitude. Rien ne se passe, c’est samedi, un jour qui va s’étirer heure par heure, où je serai heure par heure un peu inquiète, un peu triste, un peu résignée. Un jour que j’aimais autrefois, vif, actif, cumulant les projets. Un jour où nous étions deux..
Et puis je suis seule. Ce n’est rien. Je le sais. C’est le sort de tant de personnes qui souhaiteraient voir un sourire en se levant, entendre un mot gentil. Ou simplement un mot banal. Mais pas ce silence. Surtout quand il fait chaud, que j’ai un peu mal à l’estomac (oh ! ce n’est rien, cela passera aussi) et que je me projette dans l’avenir. Un avenir si court !...Plus de projets, plus de rencontres, plus de conversations amicales.
J’ai déjà fait une croix sur tant de petits plaisirs ; je n’attends jamais qu’on me téléphone, c’est moi qui appelle si je souhaite des nouvelles. On ne pense pas à me dire ce qui va bien, ce qui va moins bien, je suis quelqu’un à l’écart de la vie, déjà. J’écoute les autres. Je sais écouter. Cela arrive quand on n’a plus rien à dire d’intéressant. Et c’est mon cas. Il ne se passe rien, sinon des broutilles. Allez encombrer les autres avec votre langueur soudaine ! Si vous vous y essayez, vous sentez l’impalpable ennui: on vous écoute distraitement. Enfermée dans mon troisième étage, j’aspire à respirer un peu d’été. Je ne fais plus de grandes promenades, je me fatigue vite. Et j’attends en silence qu’on me le propose tout en sachant que c’est en vain. Je n’ai pas d’amertume, un peu de chagrin passager. Alors, pour surmonter, j’écris. J’écris sur ce blog où des amitiés virtuelles sont nées peu à peu. C’est une manne, pour moi, ces petits mots gentils ou compréhensifs.
Et pour qu’on ne s’étonne pas de ce soudain accès de mélancolie, je vais vous dire mon âge. J’ai 86 ans et même si je ne les parais pas, c’est déjà très vieux !
PASSANTE