LES CHEVALIERS DE LA CANNE
La retraite active, cela existe. Et sous plusieurs formes, vous pouvez m’en croire ! Peindre, chanter, danser, visiter des musées en groupes, partir en excursion, suivre des sessions de formation, faire de la musculation, de la natation, de la gymnastique, du judo, du volontariat social...ouf, et ce n’est pas limitatif !
Trop de seniors restent inactifs, prisonniers de leurs murs, vivant leurs heures rythmées par l’habitude, les petite tâches, les petits bobs. Et pourtant, il suffirait de tourner le coin de la rue peut-être, pour entrer à l’atelier de sculpture où les mains reprennent vigueur et souplesse ; ou alors, ayant longé le par, de pousser la porte de la salle où les danses folkloriques dessinent leurs figures. J’y suis allée voir. Le professeur marelle :
« Sur deux lignes, s’il vous plaît, une ligne de garçons, et une ligne de filles. Est-ce que tout le monde a un partenaire ? »
Je regarde de tous mes yeux, je ne compte que cinq hommes et une trentaine de dames...Mais quand la musique résonne, guillerette, je me rends à l’évidence : les couples se sont formés, sept d’un côté, sept de l’autre, les dames faisant office de cavaliers puisqu(il manque des danseurs. Qu’à cela ne tienne ! La ronde démarre, des bras se croient, des mains se joignent, quatre pas en avant, quatre pas en arrière, un cercle de huit vers la gauche, un cercle de huit vers la droite, et on change de partenaire!
Ils viennent de danser une danse écossaise, le Jayl House, avec entrain et amusement. Ils ont entre 55 et 81 ans et obéissent aux injonctions du professeur :
« Un monsieur entre eux dames, un autre monsieur prend sa place ; Talon pointé, un pied lancé, faites un tour et vous partez tout de suite en grande chaîne ».
J’oublie peut-être un pas parmi les figures qui se croisent et s’entrelacent. En vérité, le groupe qui évolue en sandales est pris par la danse, des teints rosissent, des tailles se cambrent et quel que soit l’âge, le plaisir de la musique et du folklore donne beaucoup de grâce aux participants. Je ne quitterai la salle qu’à la dernière note de musique !
La retraite des autres me préoccupe. Je vois autour de moi tant de personnes usées par l’ennui parce qu’elles ne font pas le geste qui les en sortira. Comment s’étonner dès lors qu’une souffrance sourde s’empare d’eux, une indifférence pour tout, un glissement vers la dépression ? Ils ont tout leur temps et ne savent plus qu’en faire. Savent-ils qu’il existe une Association du bénévolat et des centaines de demandes ? Savent-ils qu’à penser aux autres on cesse de penser à soi ? Car la retraite n’est pas une longue récréation. Ils faudrait, pour qu’il en soit ainsi en plus d’une santé florissante de confortables revenus. Or, mes contacts avec les seniors me permettent de mesurer à quel point sont fausses les opinions qui circulent et apparaissent régulièrement dans les revues et magazines : « Les papys sont nantis », « La vague grise part en croisière », « La retraite, un âge heureux », etc.
Je reviendrai sur ce sujet qui me tient à cœur. Parmi les « Chevaliers de la canne » (comme disait un senior avec humour ) il y a les nantis et les autres. A bientôt,
PASSANTE
Photo: Bien sûr, ce ne sont ni les seniors que j'ai rencontrés, ni le pas qu'ils dansaient! Mais j'ai pensé qu'un peu de couleur serait bienvenu dans le paysage, j'ai donc emprunté une photo sur le site d'un atelier qui réalise des vêtement folkloriques!: www.pannotchka.com. La photo représente une danse folklorique bretonne.
"Coeur de Marie"