LES CHEVALIERS DE LA CANNE (2)
Le 8 juillet, je vous parlais des seniors actifs ou non et je combats cette idée trop bien ancrée que « les grisés sont nantis ».
Certes, j’en ai rencontré des messieurs élégants, le costume clair, la cravate assortie, les chaussures en cuir italien, la chevalière au doigt. Ils ont la parole facile, l’habitude des contacts, car anciens directeurs d’usines, ingénieurs, financiers, avocats, ils ont continué sur leur lancée sachant manier et l’argent et la parole. Des femmes d’affaires retirées depuis peu, des conservatrices de muées, des directrices de maison de couture, des femmes médecins ou issues d’autres professions libérales, gardent elles aussi cette apparence confortable et raffinée qui se devine sans s’imposer et traduit « la classe ».
Enfin, des commerçants prospères, d’anciens cadres d’administrations diverses, des artisans ayant pignon sur rue, connaissent eux aussi une retraite peut-être moins culturelle mais aux revenus amplement assurés. Ils sont « seniors » et figurent sans doute cette tranche que l’on qualifie de « nantis » et qui peuvent vivre à leur gré la croisière, les mini-trips, les excursions exotiques les visites d’expositions hors les murs, tout ce qui fait le charme d’une vie exempte de soucis.
Mais les autres ? Ceux dont on ne parle pas, qui ont vécu l’usine, l’atelier, le bureau, ont connu le virage imprévu du chômage prématuré, la pré-retraite, l’arrivée précoce des jeunes, des inquiétudes multiples et se retrouvent à soixante ans et plus dans un petit appartement sans grand luxe, touchant une pension modeste et faisant face, cahin-caha, aux aléas de la vie. Pas de croisière pour eux, ni même de vacances. Tout au plus fréquentent-ils le club du quartier où ils se rencontrent deux fois par semaine autour d’une tasse de café, dans l’amitié passagèvieillir,solitudere de deux heures communes.
Vieillir n’apporte pas, comme voudraient le faire croire trop de publicités aguichantes, le bien-être et la liberté. Tant mieux si les « grisés » fréquentent les Caraïbes, vont à Ténériffe pour six mois, reviennent de Chypre avant de repartir à St Tropez. D’autres « grisés » (qui s’appellent tout bonnement les « vieux»), restent chez eux et regardent passer le temps. C’est pour eux que certaines initiatives stimulent un peu de bonheur. Car le bonheur vient aussi de ce sue l’on a en soi et qui semblait perdu. De ce que ressuscitent, par exemple, certaines organisations en concevant des activités diverses et particulièrement bienvenues.
J’en parle parce que certains ignorent encore qu’on peut sortir de chez soi et rencontrer autrui dans des circonstances particulièrement agréables. Et gratuites ou à peu près. Je les ai vus à l’œuvre. Je vous en parlerai.
PASSANTE
photo 1- de Montesquiou, dandy et poète (www.ruedesarts.over-blog.fr)
photo 2 - un monisuer âgé e son aide (www,aisondelaideàdomicile.fr)