POURTANT, JE FAIS LE MORT...

    Ca, c’est moi. Couché deux fois sur le sable.  En vrai et à côté en dessin. Je fais le mort. J’aime bien faire le mort. Surtout quand l’oncle Anselme est là. Il m’aime bien, l’oncle Anselme. Il reste près de moi « à me veiller » qu’il dit, quand mes parents sortent à deux.

    Je fais le mort dans mon lit. L’oncle Anselme fait la petite souris qui monte, qui monte…mais souvent qui descend. Je n’aime pas. Il me chipote. Il me tripote. Pourtant je fais le mort. Pour qu’il parte.  Mais il ne part pas. Il tire ma couverture et m’embrasse partout. Trop. Il m’ennuie. Et, je sais pas pourquoi, il me gène. Je ne ferais pas ça si j’étais un homme.

    L’autre jour, sans faire exprès, il a passé sa main sous mon short. J’aime pas qu’on me touche le zizi. J’aime pas penser à ça. J’aime pas l’oncle Anselme.

    Oh! non, j'aime pas l'oncle Anselme...

LORRAINE

Illustration: Le Petit Prince, lui on ne pouvait pas le toucher...

   

Comments

[Passante]

Un tel sujet m'a imposé cette sobriété, cher Lecouret. Il fallait juste que j'en dise assez pour que l'on comprenne l'infinie angoisse.

[lecouret]

un sujet délicat, que tu traites avec la force de la sobriété.

[Passante]

Sans doute ces camarades essayaient de dire l'indicible...mais comment les enfants d'alors pouvaient-il croire de telles confidences?
A bientôt, douce Jeanne,

[Passante]

Merci, Tilleul, j'ai voulu montrer (du moins essayer) ce que ressent un enfant perdu devant les grandes personnes méprisables, ô combien!
Ici il fait beau aujourd'hui. J'espère que le petit crachin s'estompe?...

[Jeanne]

percutants révèle la souffrance de ce qui ne doit pas être...combien sont ils ainsi ces petits se part le monde ? JE ME SOUVIENS DE CAMARADES DE CLASSE que l'on ne croyait pas et pourtant...
Je t'embrasse tendrement amie***