ALLONS VOIR SI LE VIN EST BON...
Quand je lis la plaisante affirmation de Reynard :
« Je sirote mon vin, quel qu’il soit, vieux, nouveau
« Je fais rubis sur l’ongle et n’y mets jamais d’eau »…
l’esprit de Bacchus me visite, gai, chaleureux, bon enfant et je me sens toute réjouie. Je pourrais exalter la dive bouteille et pour peu, pastichant les gourmets du XVIè siècle, m’écrier : « La peste soit des buveurs d’eau ! ». Je pourrais encore rappeler Musset : « Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse ! » ou bien « Mon verre est petit mais je bois dans mon verre ! ».
Non, je n’en dirai rien. Je tairai le Moselle qui rend joyeux, le bourgogne bavard, le champagne étourdi. Ce prince de la table, le bordeaux, qui anime les plus ennuyeux dîners de famille, nous n’en parlerons ni de son page le vin d’Alsace dont les souvenirs nous tournent la tête.
Un doigt de muscat nous rendrait nostalgique ; dans ce flacon-ci dort un peu de rêve ; une danse s’agite au fond de celui-là. Son reflet diapré ressemble à de l’or clair et le glou-glou a bien de l’esprit pour qui sait juste à temps arrêter son épanchement.
Non, nous ne chanterons pas le vin, ni le Beaune, ni l’Anjou et si Baudelaire a proclamé :
« Le vin roule de l’or, éblouissant Pactole », ce n’est pas notre faute…
PASSANTE