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LE CAHIER DU SOIR de LORRAINE
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LE CAHIER DU SOIR de LORRAINE
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13 novembre 2009

BONJOUR, RITA (Suite)

 Dès que la grossesse de Rita fut évidente, une question s’était posée : « Qu’allait-on faire des jeunes ? » ; Ce fut vite tranché : nous les donnerions. A qui ? Ca !.. « Qui veut peut », dit-on. Maurice rédigea une affichette affriolante pour la devanture du libraire ; le laitier, dûment averti, releva sa casquette sur le front, réfléchit un instant et assura : « J’ai peut-être ce qu’il vous faut ». Je vous en reparlerai ». J’en touchai un mot à mes amies, mais sans succès. Maurice entreprit ses collègues mais nu ne sembla se soucier d’adopter un chaton. Nous avions deux mois pour leur trouver une famille.

 

 Deux mois pendant lesquels ils grandirent, grossirent, sortirent de leur panier la tête la première, rampèrent sur le ventre en catimini, le regard fixe,  la queue frémissante, à l’affût du frérot qui passe par là, fréquentèrent consciencieusement leur litière comme Rita le leur avait appris dès leur naissance. Il y en avait partout de ces chatons se roulant en bataille fictive jusque sous nos pieds, suspendus aux brise-vues de la cuisine 2_jouent_balleavec des miaulements de triomphe, accrochés au couvre-lit dans la chambre, escaladant les dominé, paixescaliers, buvant les pattes dans la soucoupe sous l’œil compréhensif de leur mère. Deux mois épuisants mais gais, au cours desquels nous observâmes le dominant et le dominé, le premier toisant l’autre de sa puissance, le second, bonasse, souhaitant simplement la paix.

 

 Arriva enfin l’âge prévu pour les sevrer et les donner à leur futur maître. Une petite fille et sa maman répondant à l’annonce du libraire vinrent choisir le plus gros ; le laitier emporta le plus doux pour une cliente âgée à qui il tiendrait compagnie. Maurice emporta tant bien que mal le troisième pour la femme de ménage du « Face-à-Main ». Ils partirent ainsi vers leur destin, nous laissant désemparés et un peu tristes. Rita chercha vaguement dans les coins, miaulant plus par perplexité que par chagrin. Elle avait été une bonne mère, mais ils commençaient à la fatiguer et elle les renvoyait quelquefois d’une chiquenaude à leurs jeux d’enfants, pour s’en aller dans le soleil de juin vivre sa vie de rôdeuse indépendante.

 

 Quand Rita eut sa deuxième portée, nous reprîmes nos investigations. Cette fois, outre deux noirauds tachetés de blanc, elle mit au monde un superbe tigré, le plus matois, le plus agile de tous, usant de la voix et des griffes pour obtenir ce qu’il voulait, exigeant, poussant ses frères, toujours le premier à téter, le premier aussi à escalader les barreaux des chaises et à se retrouver sur la table. Ce petit démon était si attachant que je pensai un moment à le garder. Un menuisier qui disposait d’un grand atelier emmena deux chatons à la fois : « Ils chasseront les souris » dit-il. J’espérais que personne ne réclamerait le troisième, quand un jeune voisin de maman qui allait ouvrir un magasin de tabac se présenta. Nous le connaissions bien, il était doux, aimable et il adopta le tigré de tout son cœur.

 

 Maurice fut plutôt satisfait de retrouver la paix chez lui. Et Rita resta comme toujours, accueillante et oublieuse déjà de ses enfants dispersés.

 

 Quelques mois plus tard, passant devant le magasin de tabac, nous sommes entrés. Sur le comptoir, immobile comme un sphinx debout, un magnifique chat aux yeux verts toisait la clientèle. Il avait perdu son air mutin, conscient de sa beauté de chat de gouttière, il s’était bâti une petite vie enre son maître et la boutique.

 

 - Comment s’appelle-t-il ?

 

 -Tigra…Car c’est une fille.

 

 C’était aussi, à l’époque, une marque de cigarette ! Tigra s’avança délicatement sur le comptoir, posa sa tête sur la joue de son maître et lui donna un coup de sa langue râpeuse en ronronnant d’affection. Les chats des autres ont aussi leur histoire. Ici, manifestement, c’était une histoire d’amour.

 

PASSANTE (A suivre)

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Commentaires
P
Ces chenapans savent absolument comment enjôler et nous ne résistons pas; ils ont tant de charme!
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L
ces chats font craquer la nature humaine. <br /> eh oui ! il suffit d'yeux verts, ou jaunes, ou bleus, et d'entendre de doux miaulements, et de sentir de bons coups de tête contre la jambe, et d'être bercé de ronronnements, et de se chauffer aux poils soyeux du minet... pour que le coeur s'ouvre.
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P
Ce n'est pas facile de placer des chatons, mais je n'aurais jamais pu m'en séparer avec indifférence. Plus tard, j'ai opté pour des mâles castrés...c'était moins imprévisible!
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P
Après notre mariage, Rita fut notre première chatte. Il y en eut d'autres, avec d'autres manies, d'autres caractères, d'autres distractions. J'y viendrai bientôt.Bonne journée, Fabeli;
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P
Vous avez été très accueillants, ton épouse et toi, et c'est très bien d'avoir fait stériliser la chatte. C'est un service à leur rendre, elles sont si souvent fécondes et, par la force des choses, ont des jeunes qui seront abandonnés à un sort souvent pitoyable. Vos deux chats se sont habitués à sa venue, sans aucun doute, et la tolèrent même si elle ne fait pas partie du "clan"!
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