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LE CAHIER DU SOIR de LORRAINE
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LE CAHIER DU SOIR de LORRAINE
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12 décembre 2009

SALUT, MILOU!

Avant-propos : J’avais averti en commençant mes « Histoires de chat » qu’elles suivaient l’évolution de ma vie, afin de leur donner l’animation réelle qui différencie chacun de mes félins. Je le précise donc pour ceux qui liraient ce récit sans connaître  ce détail. Et je continue.

------- 

 Marianne naquit en juillet ; maman m’avait accompagnée à la maternité au début de l’après-midi et quand Maurice, averti, arriva, le bébé dormait dans son berceau. J’étais de ces femmes qui estiment qu’un mari est parfois encombrant dans ces circonstances particulières et fus très satisfaite de m’être tirée d’affaire sans lui. J’avais également le sentiment que moins on s’abandonne à la souffrance, mieux cela vaut.

 Depuis d’autres théories ont eu cours, mais je n’ai pas changé d’avis. Il fut donc l’heureux père d’une petite file qui lui ressemblait à en avoir le vertige et commença pour nous une vie bien différente de nos tête-à-tête d’amoureux.

 Nous n’avions plus repris de chat, nous craignions trop une nouvelle déconvenue. L’arrivée de Marianne écarta le problème du moins pour un temps, la présence d’un chat auprès d’un nourrisson n’étant pas vraiment souhaitable.

 J’étais folle de ma fille. Je tenais absolument à son bonheur, lequel passait – j’y croyais dur comme fer – par une éducation équilibrée. Comme tous les parents, nous avions quelques idées : ne pas céder à ses caprices, la nourrir à l’heure, la coucher à l’heure, lui apprendre un langage correct ; Ddailleurs, je guettais son premier mot.

 Ce fut un « papapapapapa » lancé à pleins poumons qui sortit de ses lèvres à dix omis, au beau milieu d’une promenade. Plus moyen de l’arrêter. Les passants souriaient, j’en pris mon parti. Le soir, mis au courant, flatté de cette préférence manifeste, le père se pencha sur le parc dont elle martelait vigoureusement les bords à l’aide de son baigneur en celluloïd et lui dit : « C’est très bien, mon petit ». Et il posa sur ses cheveux noirs une main compréhensive. Elle leva sur lui des yeux bleus semblables aux siens et bafouilla à nouveau « papapapa » qui ne laissait aucun doute !

 A quelque temps de là, voulant parfaite nos principes éducatifs, je ramenai de la bibliothèque des livres de psychologie enfantine, dont certains m’irritèrent par leur présentation abstraite. Trop de théorie, pas assez d’action, les chapitres manquaient de nerf et de couleur, ils ne touchaient pas la corde sensible.

 - Mais enfin, il faudrait mettre en scène les parents et les enfants, voir leurs réactions, ce serait plus vivant et plus efficace, dis-je un soir à Maurice.

 Toujours laconique, il répondit calmement :

 - Eh bien, qu’attends-tu ?

Je restai d’abord interdite puis l’idée fit son chemin. Après tout, des articles sur la vie quotidienne d’un jeune ménage avec enfants intéresseraient peut-être ? « L’Ecole des Parents et des Educateurs » venait, certes, d’éditer quelques brochures bien faites. Elles racontaient, avec des mots simple et clairs, des expériences diverses : « Il est égoïste », « Le gourmand », « La confiance », « Il a besoin d’amis », « Il est désobéissant », « Comment corriger » etc. mais les fascicules étaient diffusés dans un cercle restreint. D’autres part, peu de journaux ou magazines publiaient à l’époque des articles éducatifs. Il y avait peut-être là une porte à ouvrir ? Aussi quand Marianne, un an à peine, se jeta par terre, leva les pieds au ciel et hurla, l’œil sec, parce que je venais de lui reprendre la pipe de papa, j’eus la certitude que je tenais l’exemple même de ce que vivent pas mal de parents d’enfants colériques et que c’était ça qu’il fallait écrire. Le vrai, le pris-sur-le-vif, la colère et comment on en vient à bout.

 Ma science étai assez neuve, en vérité, mais mon application à comprendre les rouages de l’âme enfantine commençai à porter ses fruits. Je relevai donc ma fille, la pris par la main bien calmement et la menai, s’égosillant, jusqu’à sa chambre : « Ta colère, tu la fais ici. Viens donner un bisou à maman quand tu seras calmée . Après on n’en parlera plus ». Je la laissai là, un peu interloquée, la porte entrebâillée nous sépara juste assez, pas trop pour ne pas créer d’angoisse Marianne_b_b__foulardet je retournai à la cuisine. Le silence. Un hoquet…Et soudain, comme un ouragan, Marianne se précipite vers moi, se jette dans mes bras : « …sou, maman ». Je l’embrasse, je la prends contre moi, c’est ma petite fille et nous avons tout compris l’une et l’autre : elle, la punition et moi, le pardon. Très vite, d’elle-même, quand elle senitra monter la colère, elle courra vers sa chambre criera un bon coup, reviendra avec effusion et la vie reprendra son cours normal.

 « Elle est colérique » fut le premier texte que j’envoyai au « Ligueur », journal de la Ligue des Familles Nombreuses, qui ne devait pas manquer de lecteurs perplexes. C’est ainsi que j’ai commencé ma collaboration d’articles éducatifs, d’interviews, de reportages et me suis retrouvée, de fil en aiguilles, sans bien savoir comment, journaliste indépendante. C’est-à-dire journaliste non salariée, payée à l’article, formule que j’avais choisie afin de travailler selon mes disponibilités et d’élever ma fille sans être soumise à des horaires stricts.

 Et c’est ici que son premier chat entre en scène…

PASSANTE

Photo: Marianne a dix mois

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Commentaires
L
Une petite Marianne qui a bien grandi...Tu sais qu'elle est grand'mère? Oui, sans doute, je l'ai écrit fin octobre. Elle t'embrasse aussi. Et moi itou.
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L
La porte entrouverte...Même dans les moment difficiles, et quel que soit l'interlocuteur, je laisse toujours une porte entrouverte...Pour laisser le temps de se raviser, lui ou moi, peu importe.<br /> Tu as raison, le silence est une force devant la colère. Comment accuser le silence, l'incriminer? Que lui dire? <br /> Bonne soirée, Quichottine.
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Q
Je continue à découvrir ces morceaux de ta vie.<br /> <br /> Je t'imagine avec votre fille, et je me dis que j'aurais dû lire ce journal quand mes enfants étaient petits ! :)<br /> <br /> La colère est un moment difficile à gérer.<br /> <br /> Tu sais, avec les plus grands aussi.<br /> J'ai appris avec l'expérience, que lorsque ton interlocuteur se met à crier, il faut que tu gardes ton calme. Le silence est parfois la meilleure des réponses.<br /> <br /> J'aime cette porte entrouverte. C'était une punition mesurée. :)
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C
lire ce texte alors que je vous connais toutes les deux... c'est touchant<br /> Et je suis touchée... embrasse Marianne pour moi...
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L
Qui enseignera aux enfants où sont les limites, si les parents ne s'en préoccupent pas? C'est vrai qu'aujourd'hui existe une "peur" d'interdire. Alors que donner une colonne vertébrale solide aux caractères enfantins est indispensable! Que deviennent-ils, livrés à leurs caprices?..
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