LES PETITS GESTES...
Enfermée depuis cinq jours, un peu souffrante, un peu amorphe, un peu triste, désespérément seule, assise au bord du lit, j’hésite à me lever.
C’est
l’instant difficile où tout est possible, ou tout peut s’écrouler, où il me faut
choisir. Tout de suite. Impérativement.
Alors
viennent à mon secours les petits gestes: le café machinal, debout dans la
cuisine en regardant la neige, si silencieuse, encapuchonnant les maisons, les
arbres, la rue; L’ordinateur ouvert distraitement et le message d’un neveu
vivant aux Etats-Unis, perdu de vue depuis cinquante ans et retrouvé grâce à
Facebook. Cette lettre me renvoie au visage une bouffée du passé, ce message
chaleureux qui me prouve que rien n’est oublié, que nous sommes encore de cette
famille éparpillée mais dont les coeurs ont gardé l’empreinte.
Et
enfin, déjà réconfortée, déjà moins chancelante, je libère la musique. Mozart
déferle dans le salon, talonné par Chopin. Et maintenant la voix d’Ella
Fitgerald!
Milord
dort en rond sur le divan, la tête sur ses pattes arrière. Je ne vois qu’une
pupille qu’il entrouvre et referme comme un clin d’oeil. La paix m’enveloppe.
Tout est bien.
PASSANTE