CREPUSCULE D'HIVER
Le
crépuscule d’hiver est un vieux monsieur triste. Il bougonne et se renfrogne
dans sa houppelande de nuages.
Lui
et moi sommes en froid. Depuis toujours, je crois bien. Je n’aime pas qu’il me
surprenne soudain, entre chien et loup, au moment où disparaît la journée pour
se travestir en soirée. Je n’aime pas cet instant indécis , que certains
appellent « le noir quart d’heure ».
Souvent,
je le sens venir et je me précipite pour lui tirer les rideaux au nez. Il reste
dehors, j’allume les lampes et je l’oublie.
Mais
si, distraite une seconde, je rate sa venue, je le trouve installé soudain dans
le salon, assis sur le divan, chuchotant je ne sais quoi à mon chat Milord qui
dormait si bien et s’éveille en sursaut, inquiet.
Je
chasse le soir d’hiver, bien sûr. Mais sa malveillance chronique me désarçonne
juste assez pour qu’il m’en reste comme une pensée engourdie, un peu de blues,
un peu de regret. Rien, en somme…
PASSANTE