LA ROUTE VENITIENNE
La route vénitienne m’étreint le cœur de sa cruauté magique. Un silence bleu l’enveloppe tel un châle léger sur une épaule.
Elle
va vers son évasion romantique dans la douceur du crépuscule. Les couleurs
s’amenuisent, le violet du ciel lui donne cet air de fête qu’on voit dans les
théâtres anciens aux ors flétris. Non, ne parlez pas ! Un concert étrange
jaillit des arbres nocturnes, des canaux morts et du clocher éperdu dont la
plainte s’en vient mourir au creux du chemin.
La
vie est un album qu’on feuillette du bout de doigts. On l’ouvre, on saute une
page, un enfant naît, un chiot gémit, le soleil soudain illumine le livre , nul
ne sait comment finira le voyage.
La
route vénitienne sinue dans le lointain. Ses ombres s’effacent, son tracé
s’estompe, la fin du périple, déjà ? Le livre entrouvert est tombé sur le
tapis…
Je
crois que j’ai rêvé…
PASSANTE