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LE CAHIER DU SOIR de LORRAINE
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21 mars 2010

C'EST DIMANCHE AUJOURD'HUI

 C’est dimanche aujourd’hui, l’air est couleur de miel. Un dimanche de robe à fleurs et d’étang que ride imperceptiblement la brise d’été. Pourquoi le cœur est-il plus joyeux le dimanche ? Pourquoi les filles ont-elles l’espoir de surprendre, à la promenade, un regard soudain attentif, captivé peut-être ? 


  Il en est tant d’autres : quelconques, vertueux, lascifs, coquins, indifférents ou goguenards. Les garçons ignorent qu’ils se révèlent dans un battement de cils, une œillade appuyée ou des yeux qui fuient, embarrassés ou timides.

  Amandine pense que les filles aussi se trahissent en baissant obstinément les paupières quand, dans l’allée du bois, elles croisent des inconnus . Ou plutôt, qu’elles trahissent leur vraie nature, leur spontanéité . On leur a tellement répété qu’un maintien réservé et quelque peu distant retient seul l’intérêt qu’elles n’osent plus sourire…

 Elle a pris le sentier qui conduit à la guinguette. Jamais elle n’y est entrée. LacMais elle aime regarder les couples qui dansent, ceux qui n’ont pas comme elle reçu les strictes consignes familiales : « Une jeune fille n’a que sa réputation » et on ne la galvaude pas en se commettant avec tout un chacun !...

 C’est dimanche aujourd’hui ; elle s’arrête parmi les badauds sur le terrain un peu surélevé d’où l’on voit l’orchestre, les tables dans le jardin, les groupes d’amis, les serveurs prestes, les garçons debout attendant la reprise pour s’élancer vers une cavalière qu’ils ont repérée. Les premières notes d’une valse s’envolent sous la tonnelle ; et soudain, une silhouette bondit, une voix claire l’invite : « Mademoiselle, voulez-vous danser… » et la main qui saisit la sienne est franche, gaie, et si ferme qu’elle se retrouve à l’entrée de la guinguette, sur la piste et qu’elle valse, qu’elle valse…

 « Alex » murmure-t-elle. Alex, qui l’entraîna sans hésiter sur la piste de la vie. Par un dimanche comme aujourd’hui. C’était hier. C’était en 1945. Il est mort ce matin.

 Amandine ne pleure plus. Allongée sur le lit, elle avale les comprimés précieusement conservés.

 C’est dimanche aujourd’hui, l’air est couleur de miel…

LORRAINE

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Commentaires
L
Merci d'être en ce dimanche au goût de miel une passante attentive à l'air du temps, à la musique, à la jeunesse...puis à la chute! Quand on aime vraiment, le temps n'a aucune prise sur l'amour.<br /> Bonne journée, Quichottine.
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L
Merci,fidèle lecteur! J'aime ressusciter le passé, il a contenu tant d'émotions! Et même si la jeunesse passe, il en reste quelque chose en soi, pour peu qu'on tende l'oreille...
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Q
Tu sais...<br /> <br /> Il y a comme ça des moments peut-être qui auraient besoin de plus de temps qu'une simple lecture un peu trop rapide.<br /> <br /> Là, il faut être attentif, le moindre mot compte.<br /> <br /> Un début, une fin, et la vie boucle son cycle.<br /> <br /> "C'est dimanche aujourd'hui, l'air est couleur de miel"<br /> <br /> Au début, tout est à espérer dans cet air inspiré... le bal, et la vie comme cette danse.<br /> La vie est passé... tant d'années !<br /> Il est mort... et, d'une autre phrase, presque un murmure, on sait qu'elle ne lui survivra pas.<br /> <br /> "C'est dimanche aujourd'hui, l'air est couleur de miel"... comme si le temps n'avait plus de prise sur cet amour.<br /> <br /> Merci pour ce moment d'émotion.
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L
comment ? Madame a été jeune ? elle a aimé, vécu ?<br /> allons, cela se peut-il ?<br /> eh oui, étourdi, monsieur je-sais-tout, la jeunesse fut, passe.<br /> une vie.<br /> en peu de lignes tu fais naître l'intérêt, la lecture s'accélère, vite, quelle sera la chute ?
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L
Merci d'avoir aimé cette histoire d'un temps révolu mais qui avait son charme! Bises à toi, Pralinette!
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