UN JOUR ORDINAIRE
Dans le hall, je croise le facteur. Il a l'air maussade. Je lui dis "Bonjour!" en souriant. Il sourit aussi. Dans la rue, il fait froid, j'enfonce ma casquette, aimablement inclinée de côté, (eh oui, on reste coquette malgré l'âge!). Ils ont annoncé de la neige. Encore! Pour l'instant, les pavés sont secs, je marche vite, d'autres font comme moi. Une dame engoncée dans sa fourrure suit son chien alerte. Cette autre a un bonnet de laine rose et des bottes. Moi j'ai mes chaussures de marche et la belle, grande et large écharpe offerte par mes petites-filles.
Je prends quelle rue? Celle qui sinue ou l'autre, qui contourne, me mène à la Maison Communale et m'oblige à descendre quinze marches (seront-elles glissantes?...) pour arriver à la banque? J'opte pour la difficulté. Ca va, les marches sont humides , pas gelées, je me tiens à la rampe et j'arrive sur la chaussée. Tiens, on refait les trottoirs...Des barrages, des ralentissements, le feu rouge...Je traverse la large avenue. La banque ressemble à une ruche. Apparemment, tout le monde fait comme moi, on se précipite dehors parce que, momentanément, le temps est sec. Sec? Quand je ressors, une petite neige folichonne s'amuse à voleter, des petits grains tiennent sur le trottoir, bon, j'ai le temps de passer à la pharmacie. J'y suis seule, la pharmacienne m'annonce que samedi elle ferme, elle va à l'autre bout de Bruxelles chez son dentiste oter une douloureuse dent de sagesse. Je compatis.
Et je remonte la rue vers l'immeuble où j'habite. Je croise une autre vieille dame inconnue et nous nous sourions spontanément. J'ai déjà remarqué qu'entre nous, les inconnues d'un certain âge, une sorte de complicité passe aisément, un sourire qui veut dire: "Oui, nous allons à notre rythme; oui, nous ne courons pas, oui, je fais ma petite promenade hygiénique, oui, vous allez bien?". Oui, c'est agréable. Il faut si peu de chose pour qu'une journée soit réussie!
LORRAINE
Photo: Maison Communale de Woluwe-Saint-Lambert (Tomberg)