L'AMOUR SILENCIEUX
J’étais assise sur la petite marche du salon, contre la porte dont le vitrail dessinait une femme-fleur aux longs cheveux. Mon père s’approcha, s’agenouilla près de moi et déposa sur mes genoux, dans une assiette, du melon saupoudré de sucre. Je revois ses yeux à hauteur des miens, ma surprise, son rire et maman, assise un instant dans le fauteuil. Mes frères et sœur n’étaient pas là. Pourquoi parmi tant d’autres images qui se sont effacées, celle-ci garde-t-elle la douceur d’un après-midi d’été et, sans que rien ne fut dit, la certitude inébranlable d’être aimée ?
Peut-être ai-je appris en même temps qu’il n’est pas besoin de mots pour le savoir. Je m’en suis toujours souvenue.
(Oeuvre d'Alphonse Mucha)