L'HOMME DE KABOUL
J'ai été sélectionnée ainsi que d'autres blogueurs pour lire en avant-première les épreuves de "L'Homme de Kaboul" de Cedric Bannel (Editions Robert Laffont) qui sera en librairie le 3 mars prochain. C'est donc en toute franchise et en toute simplicité que je transcris ici mes impressions.
« L’homme de Kaboul ? » ? Un roman, un thriller, et en quelque sorte un document étonnant .Certes, le lecteur suit avec intérêt d’abord, passion ensuite l’enquête obstinée d’Oussama Kandar, (ancien héros de guerre contre les Russes et chef de la brigade criminelle de Kaboul), sur le présumé suicide du richissime Wali Wadi,, . Mais il plonge en même temps dans un monde hallucinant où le crime et l’attentat-suicide se côtoient, où la corruption exploite la misère, où les hommes intègres , qu’ils soient Occidentaux ou Afghans éprouvent le même sentiment de dégoût et de révolte devant les manipulations et les tortures de tous genres.
Dans cet Afghanistan en guerre depuis trente ans, toutes les tendances s’entrecroisent, les talibans ont succédé aux Soviétiques, les forces de l’Otan tentent de mettre un peu d’ordre dans le désordre, la CIA, les unités paramilitaires, la police secrète, imprègnent à leur façon une société intégriste , le regain islamiste s’incruste, des hommes d’état véreux ferment les yeux sur les écarts des barons de la drogue tandis que le marché noir facilite l’achat d’armes illicites.
C’est sur ce fond bouillonnant que Cédric Bannel a mené son histoire de main de maître. Nous assistons notamment à un attentat suicide dont le « héros » est un simple d’esprit stimulé par des corrupteurs. Non pour nous imbiber d’horreur, mais pour créer le climat de tension et d’épouvante d’un pays désarticulé dont c’est le lot quotidien
En fait, ces bras déchirés, les têtes coupées, les ventres ouverts , la trentaine de victimes, sont cyniquement provoqués dans le seul but de tuer trois hommes dans le café assailli. Deux y échapperont, dont Oussama Kandar, expressément visé. Visé pourquoi ? C’est tout le sujet de l’intrigue. Je ne veux pas vous le dévoiler vous laissant intact le plaisir d’une découverte intense. Parallèlement aux investigtions d’Oussama , une enquête menée notamment dans les bas-fonds de Zurich par Nick, agent de la CIA, oeuvre dans le même but : retrouver un fugitif ayant emporté un dossier secret d’une importance capitale pour le monde entier. Ils s’ignorent longtemps mais se découvriront dans les derniers chapitres du livre
Le roman est truffé de personnages typiques ou inquiétants, mais aussi d’hommes droits, d’amitié, de patriotisme, de lutte contre l’intégrisme. La piété profonde d’Oussama en fait un homme bon mais lucide, bien loin de l’extrémisme à outrance des talibans. On sort de cette lecture ayant mis en place des notions partielles d’un pays martyrisé dont on comprend mieux le combat.
Jusqu'au bout, Cedric Bannel nous tient en haleine. Sans nous embrouiller malgré la multitude des situations, ce qui mérite d’être souligné : la clarté de la plume mène jusqu’au dénouement un roman parfaitement conçu pour nous captiver et, quelque part, nous instruire.
LORRAINE