JADIS
La maison d’enfance, quittée un jour pour ne jamais y revenir, s’éveille quelquefois au fond de la mémoire. On pensait bien pourtant s’être tout à fait délivrée du parfum de bois mort rôdant sous les solives et des ombres qui surgissaient le soir sous le lustre de l’escalier.
Et voici que la chanson du vent dans la cheminée se remet à gémir dans le cœur ému : tapisserie bleue et fanée où nos regards de petite fille se berçaient d’illusions, meubles déteints aux contours baroques, chambre close, ingénue, de la sœur aînée, comme vous êtes vivants tout à coup, et pathétiques !
Vous voilà donc, marquise du vitrail, vous n’avez pas changé ! Comme j’aimais votre pied fin autrefois. Dansez-vous toujours le menuet sur la porte du salon ? C’est là que j’aimais m’asseoir, sur la petite marche de bois, pour m’enfouir dans mes albums de fées, vous souvenez-vous ? Manque-t-il toujours une tuile dans le grenier ? Bien sûr ! Et plus d’une, sans doute !
Hélas, il est clos ce monde des jolis caprices, des rubans blonds dans le soleil et de toutes les fillettes qui venaient hanter, de leurs formes sautillantes, la chère demeure abandonnée dans la brume du temps jadis.
LORRAINE