NUIT DE PRINTEMPS
Le printemps est entré dans la nuit attiédie
Ecrasant du talon les brindilles d’hiver
Un oiselet frileux un instant psalmodie
Et referme les yeux qu’il avait entr’ouverts
Alors dessous la lune encore ensommeillée
Les ombres balancées, là-bas près du ruisseau
Dessinent le contour âpre du marronnier
Et esquissent le bois, l’étang et le roseau
Je traverse le parc en cet instant tardif
Comme si le printemps m’y avait invitée
Pour me dire tout bas que la nuit, sous les ifs
Pose un mantelet vert imprégné de rosée
Un petit cri strident me surprend dans sa fuite
Est-ce un lézard farceur, un merle ou un bouvier
Peut-être simplement une branche fortuite
Qui se casse en tombant sous le grand cerisier
Le printemps est entré dans la nuit attiédie
Comme un seigneur joyeux annonçant un festin
Et si je l’ai suivi c’est qu’une mélodie
Me prenant par le cœur m’a montré le chemin
LORRAINE
(Printemps -Botticelli (extrait)