AUTREFOIS LES CHAPEAUX...
En rangeant d’anciens papiers, je retrouve un petit texte sur les chapeaux et je vous le livre pour le plaisir, car il raconte à lui tout seul une période révolue et, tout compte fait, plutôt charmante ! Voici donc ce que j’écrivais il y a très, très longtemps :
« J’ai vu tantôt un de ces chapeaux chers à Géraldy qui, en connaisseur,les qualifiait de « grands chapeaux qui font les yeux plus noirs, les joues plus roses et qui cachent si bien les fronts ! ».
Il avait, celui-là, des allures de bonze, un air si comiquement incliné et dévot à la fois qu’en sa vitrine il évoquait à lui tout seul l’antique Chine. Le voyez-vous, mauve et noir, mystérieux, parfumé, guettant la femme aux blonds cheveux courts, la petite tête qui lui prêtera sa vie, ses secrets, ses rendez-vous ?
Qui coiffera-t-il de son ombre arrondie en coupe, à quel visage donnera-t-il un teint alangui et des lèvres tendres ? Il parera celle pour qui il est né ; on le verra au vernissage, il prendra le thé , s’attardera dans les salons, acceptera discrètement une invitation galante et s’ennuiera le lendemain, de 2 à 5 heures sur le guéridon d’une antichambre. Et il oubliera les mots d’amour, tout bonnement, parce qu’il n’est qu’un petit chapeau frivole, sans plus. »
Voilà ! Ce temps-là s’est envolé, même si les chapeaux font quelquefois une offensive qui a son petit succès une saison. Puis ils retournent, penauds, dans leur armoire, où on les oublie définitivement.
LORRAINE