GEORGINA

« Il y a des roses et des lilas

Dans la maison de Georgina

On fait les cheveux, et la toilette

Pour amuser ces demoiselles »…

Maman chante en repassant, moi j’écoute. Je suis assise sur mon petit banc et Georgina, mystérieusement, surgit. C’est une jeune fille d’autrefois, comme j’en ai vu dans de vieux magazines, qui arrange des fleurs dans un vase arrondi ; une autre, debout devant le miroir, relève ses cheveux ; un peigne d’écaille brille sur l’étagère et soudain, quelqu’un sonne. Vite, vite, qu’on débarrasse le fauteuil, qu’on range un peu, Georgina va ouvrir. C’est Lui. Lui, le beau jeune homme à la fine moustache, l’amoureux de Georgina, même si maman n’en dit rien. Elle a peut-être oublié, ou elle pense à autre chose.

  Mais moi, petite fille de 5 ans, dernière venue dans cette maison où mes frères et ma sœur ont aujourd’hui 20 ans, un peu plus et un peu moins, je sais bien qu’il y a des amoureux dont on attend une carte postale, une lettre, un petit bouquet, un rendez-vous. Maman l’ignore, mais j’ai tout compris ! Je connais l’air inquiet de ma sœur quand elle demande au facteur : « Vous n’avez rien pour moi ?...Si ?... », et la façon dont elle fourre prestement l’enveloppe dans sa poche.   Je connais aussi l’énervement de mon frère aîné quand il confie à son cadet qu ‘ « Andrée lui a posé un lapin » !   Et l’élégance discrète de celui-ci quand il se lustre minutieusement les cheveux à la brillantine et met sont foulard blanc en soie pour sortir. Maman lui lance son regard amusé, un rien moqueur et recommande : « Ne rentre pas trop tard, ton père s’inquiète vite, tu sais ». « Non, mère, promis ! ».

 Il dit « mère » comme les autres, moi je dis « maman ». Maman que j’écoute chanter et qui invente les paroles quand elle les a perdues. Sans jamais penser, j’en suis sûre, que « La maison de Georgina » serait, parmi mes souvenirs d’enfance, l’un de ceux qui évoquent irrésistiblement sa silhouette fine penchée sur le repassage et mes premiers vagabondages imaginaires de petite fille rêveuse.

 LORRAINE

(http:://femmes-en-1900.over-blog.com)

Comments

[Lorraine]

Ls souvenirs d'enfance sont un peu contagieux; ils éveillent une époque et nous plongent soudain dans notre monde d'alors et l'on revoit des visages aimés, des chambres douces, des chansons d'amour se fredonnent...

Je t'embrasse aussi, chère Quichottine

[Quichottine]

Sais pas pourquoi tes souvenirs m'émeuvent toujours profondément.

Tu as le don, je crois, de raviver les miens.

Merci, Lorraine, pour ces tendres moments partagés, même s'ils me laissent un peu nostalgique de ce temps qui ne reviendra pas.

Je t'embrasse très fort. Passe une belle journée.

[Lorraine]

Oui, Latil, "Femmes en 1900" est remarquable. Et on y retrouve des toilettes qui ressemblent à celles de nos propres photos d'autrefois!
Bonne semaine, Latil!

[Latil]

Je connais bien le Blog Femme en 1900, c est trés bien fait.Il m arrive de feuilletter ces photos d un autres age ou tout est fait pour que la Femme puisse mettre en valeur sa silhouette et son charme. Parfois je crois reconnaitre une robe portée par ma Mére ou mes Tantes.
Bonne soirée Lorraine
Latil

[Lorraine]

Nous avons toutes les deux des souvenirs vrillés au coeur qu'un air de musique, un refrain, un parfum réveillent. Chère Gigi, merci de me rejoindre dans ma rêverie! Bisous doux à toi.