MOI, L'ARISTOCRATE
(A l'Atelier d'Ecriture, il a fallu démarrer avec cette seule phrase: "Le temps est la première question".D'accord...Et après?...Après on invente!)
XXX
Le temps est la première question. J’ai donc mis mon bonnet, il pleut. Il faut dire que je vais au bout du monde, plus exactement dans le terrain vague du coin : Ne riez pas, c’est là que j’opère. C’est là que je déploie mes charmes. Il faut les voir !...Dès que j’apparais, les têtes se tournent, les regards brillent. Je suis grande, élancée, vive. Pas une mémère pataude qui se traîne d’un banc à l’autre (Oui, il y a deux bancs dans le terrain vague, rescapés du temps où, ici, c’était un parc).
J’ai de la classe, j’appartiens à une lignée d’aristos bien pensants, biens nourris, bien vêtus qui n’approuveraient certainement pas mes galipettes. Mais quoi ! A chacun sa vie ! La mienne a été bousculée, j’ai vécu dans un patelin morose où je m’ennuyais, mais déjà où que j’aille, on me suivait des yeux, on s’attendrissait parfois, on me louait toujours.
Et puis, j’ai quitté ce lieu un peu crotté pour une villette bien propre où je pavoise d’ailleurs tout autant. J’aime plaire. Oh ! bien sûr, pas à tout le monde ! Certains changent de trottoir pour m’éviter, d’autres font carrément demi-tour. Je m’en moque.
Zut, il pleut de plus en plus fort. Heureusement, j’ai mis mon imper rouge qui flatte ma démarche. Impossible de passer inaperçue. Le bonnet rouge couvre bien le front et le cou aussi.
Je me sens bien. Le terrain vague fleure le printemps. Des crocus poussent sur ses flancs herbeux. Un petit jogging ? Pourquoi pas, ils vont tous me courir après, je les connais. Je verrai bien qui me rattrapera. Si c’est Arthur, je le toise, je lui crie dessus, je l’expédie. Il a l’habitude et pourtant il s’entête. Ah ! les hommes, quels crétins !
Quoi ? Comment je m’appelle ? Je ne l’avais pas dit ? Athéna. Un beau nom pour une fille dobberwomen, non ?..
LORRAINE