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LE CAHIER DU SOIR de LORRAINE
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LE CAHIER DU SOIR de LORRAINE
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27 août 2011

LE GRAND PLONGEON

     

      Au Club,  je suis le plus jeune, le dernier arrivé, la quantité négligeable. On m’a reçu cordialement, rien à redire, mais eux ils savent se flanquer une bonne tape sur l’épaule en rigolant, aller au bar après la douche, écluser coup sur coup deux Jupiler (les hommes savent pourquoi) et jouer au 421 sur le comptoir.  Ce sont de fameux sportifs, des copains, ils font un peu de tout, ils nagent, jouent au basket, au squash ou au tennis et je ne sais quoi encore.

 

      C’est Lucas qui me les a présentés. Lucas est prof au lycée Marie-Joseph, nous sommes voisins de palier et comme je suis souvent seul, il m’a demandé un jour :

 

      - Ca t’amuserait de faire une virée entre copains un de ces soirs, je te présenterai.

 

      Je n’ai pas osé dire non. Je suis timide, maman disait toujours : « Mon agneau, tu es trop doux, apprends à être fort ». Je ne sais pas.  Alors, quand le Grand Magasin « Au Bonheur des Dames » a mis une offre d’emploi,  je me suis présenté et j’ai été engagé aussitôt.

 

      - Vous êtes délicat, cela se voit tout de suite, m’a dit Madame Valentine. Vous allez être la coqueluche des clientes. Ces mains que vous avez, soignées, fines. Et votre sourire ! Monsieur Philippe, c’est extra !

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      Alors, la virée entre types taillés comme des armoires, ça me faisait un peu peur. On est allés « Chez Jo », la musique gueulait. Au 3ème whisky, Lambert est monté sur la table. Stéphane s’était déniché une nénette et la lutinait (si on peut dire…) dans un coin obscur. J’étais tout seul sur la banquette. Alors Lucas s’est avancé, j’avais un peu bu, pas trop. Je le voyais nettement, du moins il me semble. Il ondulait en marchant. Sur son poitrail velu, sa chemise était ouverte : un vrai mâle. Il m’a gentiment pris la main en s’asseyant tout contre moi. Une très vieille chanson d’autrefois berçait maintenant les danseurs : « Parlez-moi d’amour… ». J’étais bien. J’ai vu que Lucas avait les yeux bleus. Il m’a dit : « On danse ? » et je l’ai suivi. Personne n’y a fait attention.  Ils savaient pour Lucas. Moi non.

 

      Maintenant j’ai changé de palier. On fait chambre commune.

 

LORRAINE

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Commentaires
L
Merci, Lecourt, ce sujet délicat tente de réhabiliter ceux qui sont "différents". Bisous.
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L
tous les sujets sont traités de doigts de poétesse-journaliste (sur le clavier) avec maîtrise.
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L
Chère Marie, j'ai toujours respecté les différences, elles font partie de la vie multiple et parfois surprenante. Ne pas juger, c'est aussi comprendre que ces différences ne sont pas des "provocations", mais souvent des blessures profondes. Certains se réfugient dans la solitude; d'autres la partagent. Et tous cherchent un équilibre et leur part d'affection. C'est l'histoire de Philippe, je l'ai racontée...<br /> Bonne semaine, chère Marie.
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L
Merci pour ton appréciation, chère Juzu, passe une semaine heureuse et douce, bises
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L
Une histoire simple de la vie, en somme! Bises à toi, et bonne semaine, Anouchka!
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