A L'IMPROVISTE
(Sujet de la consigne: raconter une visite à l'improviste. C'est fait)
XXX
Il enjambe le bord de sa baignoire, l’air satisfait de l’homme propre quand soudain, il prend conscience de ma présence et comprend que je l’ai vu. Nu... Il a un réflexe de femme, met sa main sur son sexe et s’exclame, un peu étranglé :
- Madame ! Mais...que me voulez-vous ?
Rien. Absolument rien. Quelle drôle de question ! Il aurait pu me demander : « Qui êtes-vous ? ». Ou « D’où sortez-vous ? ». Non, c’est bien une parole de Don Juan : « Que me voulez-vous ? » Comme si j’étais quémandeuse ! Sa réputation est parvenue à mes oreilles, certes, mais il ne va tout de même pas imaginer que j’ai forcé sa porte pour m’offrir, moi, à lui !..
Sa deuxième jambe vient d’atterrir , il dégouline toujours, mais généreuse je lui lance son peignoir de bain et pour l’enfiler, il se tourne côté pile. Deux fesses musclées s’emmitouflent dans le peignoir blanc. Pas mal. C’est un homme correct, maintenant – si on peut dire – qui se tourne vers moi. Un léger sourire aux lèvres, il badine :
- Vous avez vu l’animal ? Bien baraqué, non ?
- Je ne suis pas venue pour tester les étalons, Monsieur, je...
- Ah ! dit-il, j’aurais cru...
C’est lui qui me soupèse à présent, comme une pouliche. Son œil connaisseur descend de la tête aux pieds. Un bruit de pas dans l’escalier m’inquiète soudain. Pas lui.
- C’est Oscar, dit-il, le portier. Comment vous a-t-il laissée entrer ?
- Il n’était pas à son poste, j’ai poussé la porte entrebaillée, je vous ai cherché...et je vous ai trouvé.
- Nu, oui, je sais. Si vous vous mettiez à l’aise ?
Il veut dire que j’ôte ce manteau qui fait tant monter ma température, c’en est visible. En parfait maître de maison, il m’escorte jusqu’au petit salon attenant, si je ne m’abuse, à une chambre à coucher.
- Puis-je savoir ce qui me vaut le plaisir de votre visite pour le moins...impromptue ?
- Impromptue ? Je vous avais averti, vous aviez promis de m’attendre...
Il me regarde plus attentivement, semble étonné puis soudain s’esclaffe :
- Non, ne me dites pas que c’est vous...
- Oui, votre contrôleur des contributions, Monsieur le Directeur...
LORRAINE