C'EST LE SOIR...
Le soir arrive sur la pointe des pieds. La rue se calme, de légers bruits de pas résonnent sur le trottoir quasi désert. De-ci, de-là, des lumières éclairent un carreau, une fenêtre, je ferme les grandes tentures comme descend un rideau de théâtre. Le bébé des voisins pleure doucement; c'est une petite fille douce aux yeux noirs immenses. Quand par hasard nous nous rencontrons dans l'ascenseur, sa maman me dit bonjour dans sa langue que je ne comprends pas mais nous nous sourions et elles repartent toutes les deux, bien serrées l'une contre l'autre.
Dans l'immeuble, une porte se ferme bruyamment. Quelque part, une télévision raconte son histoire. Milord rentre de sa promenade sur les toits. Il sent l'air frais et ramène dans son pelage un avant-goût de printemps. Il s'installe sur son plaid sous le radiateur, entre deux fauteuils, mi-visible, mi-caché, comme tout chat qui se respecte. Tantôt, il sautera d'un bond souple sur le divan, à mes côtés ou sur mes genoux, et nous regarderons ensemble les nouvelles du monde. Je le soupçonne d'y être indifférent, mais il fait semblant, son regard impénétrable suivant imperceptiblement les méandres des images. Nous nous parlons un peu, lui à brefs miaulements modulés, moi en brefs commentaires admiratifs: "Qu'il est beau, Milord! Et gentil! Donne la patte à ta maîtresse"...Il s'offusque un peu, il n'est pas un chien, mais condescend à me laisser cette patte que je tiens dans la main, comme un réconfort. Et c'est vrai que je me sens moins seule...
Voilà. La nuit est tombée. A demain!
LORRAINE