QUAND ELLES LISENT
lQuand les femmes lisent, il est toujours un peintre pour les surprendre! Tant de grâce émane de cette jeune fille peinte par l'espagnol Francesco Hayer qu'elle synthétise à elle seule le romantisme du XIXme siècle. C'est l'époque des musiciens Liszt, Chopin, Mendelsohn, de Paganini, violoniste reconnu comme le plus grand de tous les temps; c'est aussi le temps d'une mode relativement sobre, où le velours et le col en dentelle remplacent l'excentricité des années précédentes. Mais que lit-elle? Nous n'en savons rien. Et nous n'en saurons pas davantage en surprenant cette jeune femme qui semble annoter sa lecture.
C'est Sue Halstenberg, peintre figuratif américain qui fit son portrait, d'une grâce infinie, utilisant l'ombre et la lumière pour souligner l'émotion intérieure de son modèle. Elle a vécu en Californie du Sud toute sa vie et commença sa carrière en illustrant pendant sept ans des pages de magazines. Ce qui explique sans doute pourquoi un raffinement certain souligne les attitudes, les visages et l'allure des jeunes femmes dont elle reproduit la personnalité.
Une personnalité saisie ici par Alfred Stevens, peintre belge, né à Bruxelles en 1823 et qui se distinguera surtout à Paris, à partir de 1860 par ses tableaux de jeunes femmes et d'intérieurs bourgeois pleins d'élégance. Il fera un triomphe à l'Exposition universelle de Paris de 1867 où il reçut la Légion d'Honneur. Cela ne nous dit cependant pas ce que lit la jeune personne en costume réduit, saisie apparemment avant le coucher du soir. Et si le tableau est charmant, si le modèle l'est tout autant, s'il prouve qu'à toutes les époques les femmes instruites lisaient, nous n'aurons aucune idée de leur choix. Contentons-nous donc d'admirer les tableaux, réunis ici pour le plaisir de la diversité. Et cessons de nous poser la question: que lisent-elles? J'ai une réponse et elle est claire: tout! Et si je me trompe, tant pis!
LORRAINE