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LE CAHIER DU SOIR de LORRAINE
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LE CAHIER DU SOIR de LORRAINE
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15 juin 2012

L'ESPRIT DE FAMILLE

         Serais-je la même si j’étais née à la suite de mes frères, de ma sœur ? Si, respectant le rythme de la tribu, j’avais poussé mon premier hurlement treize mois après celui de Jean, le plus jeune, né treize mois après le cadet, lui-même né treize mois après notre sœur, l’aînée ? J’aurais partagé des jeux et des bourrades, des colères  et des confidences. J’aurais grandi sans décalage, dans la chaleur d’une famllle aux parents jeunes.

         Mais non. Je suis arrivée quand on ne m’attendait pas, quatorze ans plus tard. Maman allait avoir quarante ans, mon père quarante-cinq. Et je fus un grand bonheur ! On me l’a dit, sinon comment pourrais-je le savoir ?

         Je n’ai pas de souvenirs conscients de mon temps  de bébé mais je pressensamour 2

que ce goût de vivre qui m’a accompagnée tout au long des années et a résisté aux deuils les plus douloureux me vient de l’amour qui s’est penché sur mon berceau.

         Car si j’étais solitaire d’une certaine façon dans le remue-ménage familial, vivre dans les coulisses des « grands » m’éveilla très tôt aux infimes nuances des sentiments, des espoirs et des déconvenues. J’étais spectatrice, mais j’essayais de comprendre...Et notamment les amours des autres!..

         Je me souviens d’une Louise qui envoyait des cartes postales auxquelles je compris très vite qu’on ne répondrait pas... Je revois aussi Jenny, blonde, vaporeuse, un petit col de fourrure blanc au cou, le manchon assorti, au bras de Jean me donnant la main dans le soir d’hiver. Elle m’offrit un mignon sac qui représentait un caniche noir appelé Rac. Il faisait fureur à l’époque et quelques gamines de ma classe les amenaient et nous les comparions : nous avions six ans !

         Puis Jenny disparut. Comme Mimi. Comme Ginette. Les histoires d’amour, de ruptures, les chagrins qui crânaient, je les surprenais dans les mots et les attitudes. A moitié endormie sur les genoux de ma mère, j’entendais ses exhortations quand mon frère aîné se confiait avec exaltation. Il lui disait tout.  Elle avait la sagesse d’écouter, sachant déjà que cet écorché vif ferait de sa vie un tourbillon d’incessantes contradictions.

         Ah ! les années d’enfance ! J’ignore si elles déterminent déjà le futur. Mais je sais que les miennes furent nourries d’une sève inépuisable d’émotions qui constitueraient, plus tard, le socle fragile d’une adolescence  fougueuse.

 

LORRAINE

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Commentaires
L
Malgré les grands chagrins traversés dans ma famille (maladie longue de mon père, mort à 52 ans, pas d'argent, moi encore petite, bref pas de sécurité sociale et...assistance publique!) je garde un souvenir très chaleureux de ma jeunesse, de ma famille. On s'aimait, et cela surpassait tous les ennuis. Mon frère a attendu d'avoir 32 ans pur se marier, il m'a élevée et j'ai pris le relais en travaillant à 16 ans pour maman et moi, mes frères et soeur ajoutant un petit peu d'argent à mon salaire de débutante dactylo!...Et ce fut la guerre...Mais bon, on en est sorti, jai fiat mes armes très tôt, et je me suis débrouillée dans la vie. Cela compte!Alors, ma famille, je l'aime!
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L
que de délicates beautés en quelques mots,<br /> <br /> les amours maternel et paternel en quelques phrases,<br /> <br /> le bonheur des relations fraternelles,<br /> <br /> les ingrédients pour une vie équilibrée et bien remplie.
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L
Je le crois. Elle nous marque à jamais même si nous l'ignorons! Bon dimanche, Glycine Blanche.
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L
Merci, Fabeli, cette enfance fut sans doute le terreau d'une vocation: l'écriture par où s'exprimèrent toutes les émotions engrangées et nourries!<br /> <br /> heureux dimanche à toi.
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G
AAHHH l'enfance !!! Ça détermine beaucoup de choses ultérieures... Bises et bon dimanche.
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