LA CHANSON DE VIOLAINE
L’automne a frémi dans le vent du soir
Comme un coup discret frappé à la porte
Je me suis levée pour le recevoir
Il était debout sans la moindre escorte
La lune apparut et me dit bonsoir
L’étang s’endormait. Une feuille morte
Miroita soudain comme un ostensoir
Qu’un rai de lumière éclaire ou résorbe
L’automne est entré. Pour le recevoir
J’avais mes bijoux, j’étais très accorte
Il m’a saluée sans s’apercevoir
Que j’avais vingt ans. Le diable l’emporte !
L’automne est sorti malgré mon espoir
D’être aimée de lui. Et si je supporte
Ses airs de seigneur, ses coups d’encensoir
C’est qu’il m’aime aussi, un peu, mais qu’importe !
Ainsi chaque année il revient me voir
Comme un vieil amant qui me réconforte
Quand il disparaît, happé par le noir
Les frimas d’hiver m’assaillent en cohorte
LORRAINE
L'automne a mis sont habit de cour...