QUI SUIS-JE

            (C’est ainsi et pas autrement : le sujet de la consigne réside dans cette simple question : « Qui suis-je ? ».  Eh bien, nous allons donc jouer aux devinettes !...)

XXX

            Il me touche du bout des doigts, avec délicatesse. Je le sens habile, attentif : surtout ne pas me froisser ! Non, il a l’habitude. Ses mains caressantes m’effleurent à peine, un frisson court sur la soie de ma peau. Il m’étend avec douceur. Je suis bien.

            "Au revoir, Monsieur !", dit-il. Quelqu'un répond: "Au revoir"...et des pas s'éloignent.

            On m’emporte. Je somnole. Où vais-je ? La limousine se faufile sur les boulevards.

J’entends confusément des bruits de freins, des bus qui nous frôlent, je sursaute aux arrêts soudains. On ralentit. La portière s’ouvre. Je suis arrivée.

            L’ascenseur ouaté s’arrête à l’étage. On parle. Qui ?

            - Annoncez-moi à Madame, Léontine.

            - Oui,  Monsieur, tout de suite.

            Un doux brouhaha de rires, de baisers. J’attends. Assez longtemps.

            - Et voilà, chère Adeline. Acceptez ce petit présent…Non, pas moi, faites-moi la joie de l’ouvrir vous-même.

            La chère Adeline ouvre. Je suis là, étendue dans toute ma beauté, moi l’inaccessible, la désirée, l’inattendue, la superbe. Adeline me voit, je vois Adeline : oui, sur ses épaules, je chatoierai de toute ma magnificence. Et tandis qu’elle m’enroule en tremblant autour de sa gorge, elle murmure :

            - Ernest, mon chéri, comment saviez-vous que je souhaitais un vison ?...

LORRAINE

(Portrait de Jeanne Toussaint peinte par Paul Cesar Helleu - (1859-1927) . J'ignore quelle  fourrure la pare. Vous m'excuserez?...)

Comments

[Oxygène]

Tu es toute excusée Lorraine. Je ne connais rien aux fourrures et ne pourrai rien te dire de cette étole... ;-)

En tout cas, ton texte est un petit bijou, tout en finesse et plein de surprises. Tu sais mener le suspense jusqu'au bout avec délicatesse et c'est un régal de te lire.

Je t'embrasse.

[incarnat]

Cher Lecouret, bonjour! La chance d'entourer un joli cou? Sans doute. Mais sans doute aussi aurait-il préféré vivre...C'était une époque où l'on ne s'inquiétait guère de la survie des animaux. Une époque où les coquettes se pavanaient dans les salons.



Bonne semaine, bisous ensoleillés (eh oui, tout arrive, même à Bruxelles!...)



Lorraine

[Lecouret]

excellemment amené !

et j'ajoute, quelle chance a-t-il, ce petit mignon animal...

[SklabeZ]

J'arrive trop tard ! Peut-être aurais-je trouvé, peut-être pas...

Bonne soirée et bonne semaine, Lorraine.

[Kri]

Très sensuel (dans le sens du toucher et les autres)

Je n'aime pô la vraie fourrure :-/

Douce soirée Lorraine