UNE PETITE GOURMANDISE
( Une journée consacrée à la gourmandise sous toutes ses formes avait lieu à l'Atelier d'Ecriture. Voici une des consignes. Il fallait raconter une histoire. Ce que j’ai fait. Et je l'ai tirée de mes souvenirs personnels...)
XXX
Histoire d’une petite gourmandise qui faillit devenir un péché
Le Bébé Marianne avait un mois. Un mois tout juste, le regard bleu déjà en éveil et un appétit féroce. Sa pauvre maman se levait la nuit, éreintée, l’homme dormait avec béatitude. Le bébé Marianne avalait goûlument son biberon et 3 H. après, hurlante, mourrait à nouveau de faim. Chancelante, la maman, très mince, bondissait hors du lit où l’homme dormait toujours avec béatitude.
Il y eut une fête de famille, une de ces fêtes où les jeunes couples amenaient les enfants. Le bébé Marianne somnolait dans son couffin. En dehors des fringales, elle avait un heureux caractère et supportait paisiblement les éclats de rire d’une maisonnée où on ne s’ennuyait pas.
Le papa et les oncles connaissaient la coutume ultra-sacrée : après le repas, avec des gestes respectueux et gourmands, la grand’mère sortait du buffet « la » bouteille d’Elixir d’Anvers. Pas une autre liqueur, toujours l’Elixir d’Anvers et rien d’autre.
Ce jour-là ne différa en rien ; les brus débarrassèrent la table, disposèrent les verres et la grand’mère servit. Tout le monde. Après quoi elle se rassit, satisfaite et on trinqua en son honneur.
Le bébé Marianne avait faim. Elle émit un petit cri de rappel. Personne ne l’entendit. Au 4ème, la voix enflée de colère précipita la maman qui la retira du couffin. La grand’mère s’agita :
-Elle a faim, pauvre petite. Donnez-la-moi, Marthe.
Marthe déposa avec précaution le bébé Marianne interloqué sur les genoux de sa grand’mère. Les hommes parlaient entre eux.
Alors bébé Marianne se surpassa. Ses cris se firent déchirants, on prit son agitation pour de la fièvre, une convulsion peut-être ?..
- La pauvre petite voit les autres, marmonna la grand’mère.
Et devant sa belle-fille horrifiée, elle imbiba un sucre d’Elixir d’Anvers et l’approcha des lèvres du bébé. Instantanément, Marianne cessa sa comédie. Ses lèvres suçotèrent, ses yeux approuvèrent, son père jaillit de sa chaise en s’écriant :
- Maman, tu es folle…
- Mais non, tu vois bien qu’elle a envie…
Depuis, bébé Marianne a grandi. Mais, un petit verre d’Elixir d’Anvers de temps à autre, en hiver quand il fait très froid, pourquoi non ?…
LORRAINE
Non, elle ne se prépare pas à déguster l'Elixir à la louche! Elle a dix mois et étudie les objets à sa portée. Elle a beaucoup, beaucoup grandi depuis...Et mes ennuis d'ordinateur ne me permettent plus pour le moment de réduire les photos. Et comme je n'aime pas publier sans illustrer...voici ma fille, elle-même grand'mère aujourd'hui!