S'EVADER PAR LE LIVRE...
J’ai des livres, comme tout le monde, bien rangés dans la bibliothèque et qu’aujourd’hui j’ai eu la nostalgie de considérer de plus près. Devant, bien entendu, tous mes « Colette ». Deux doubles planches, pas moins. Ils y sont, ils y restent, juste à portée de main, pour mes « retours de flamme », très fréquents, je dois le dire.
Derrière, voyons voir... »Autant en emporte le vent », oui, évidemment, je l’ai lu, relu, vu au cinéma, à la télévision, une fois, deux fois...Bien, c’est assez. Que dis-je ? C’est trop !
Ce bouquin, cette brique, je ne la relirai pas. Elle est le premier don que je destine à une œuvre pour enfants handicapés qui les revend dans une brocante. Tiens, j’ai lu « La Citadelle », moi ? Et aussi « Le Destin de Robert Shannon » ? C’était il y a longtemps et si j’ai aimé Cronin, aujourd’hui à le feuilleter je ne m’en souviens plus. Comme je suis ingrate ! Je sacrifie aussi « Le cri de la chouette » et Hervé Bazin par la même occasion, et « Les copains » de Jules Romains. C’est curieux, ce détachement, cette indifférence envers des auteurs que j’ai aimés, me semble-t-il. Nous avons voyagé ensemble, j’ai suivi leurs méandres, leurs jugements, leurs émotions. N’en reste-t-il rien ? Ai-je été prise par d’autres amours de passage, d’autres bouquins qui ont flambé en moi le temps d’une saison ? Sûrement. Je ne renie pas ceux qui m’ont laissé une cicatrice au cœur, ce « Sparkenbrooke » de Charles Morgan dans lequel j’ai trouvé je ne sais quelle résonance, et qui demeure, et auquel je retourne quelquefois, pour un dépaysement ou des retrouvailles !
Pourquoi aime-t-on tel auteur, ou telle œuvre de tel auteur ? On choisit selon un caprice, on s’attache par une reconnaissance de l’âme. J’aime sans savoir pourquoi « La Volupté d’être » de Maurice Druon, plus (oserais-je l’avouer ?) que ses « Rois maudits » qui pourtant me captivèrent au moment de leur publication. Je ne suis ni bibliophile ni bibliomane : j’aime les livres pour ce qu’ils m’apportent et quelle que soit leur reliure, si j’en ai fait le tour, je m’en détache avec indifférence. Ce n’est ni bien ni mal ; c’est ma façon d’appréhender un écrivain, d’y trouver ou non de quoi rassasier ma soif d’émotion, de compréhension, d’amitié et il est des auteurs immenses qui ne m’ont jamais touchée.
Tiens, je vais relire « Bonjour, Tristesse » qui vient d’échouer sur mon bureau. Et certainement ce livre de poche où Pierre Benoit (de l’Académie Française, j’avais oublié !) raconte à sa façon d’autrefois « La Dame de l’Ouest » qui date de 1936. On dirait que je n’ai que de vieux livres ! Ce n’est pas vrai. Mais je ne me rue pas sur les « Prix » quels qu’ils soient, je n’ai pas besoin d’être « à la page », je lis à mon gré, et s’il me plaît de relire (pourquoi pas ce soir, après tout ?) « Les Hauts de Hurlevent » qui pourra me le reprocher ? Personne ! Nous avons tous notre goût de lecture, c’est une part de nous-mêmes, une des meilleures, peut-être ! Et je la respecte.
Bonne nuit...et qu’un beau livre vous emmène jusqu’au sommeil.
LORRAINE
Tableau de Sue Halstenberg