QUAND L'AMPLE ALEXANDRIN
(Illustration de Fragonard: "Jeune fille écrivant")
XX
Quand l’ample alexandrin s’en vient à ma rencontre
Ses douze pieds chaussés de sandales d’argent
Je salue ce seigneur qui déjà me démontre
Que pour bien cadencer il faut être exigeant
Il semble dédaigner l’aimable octosyllabe
Qui sur ses huit petons arrive en fredonnant
La tetra, la quadri ou la monosyllabe
Manquent de majesté, dit-il en m’entraînant
Je le suis de mon mieux. Il lorgne la césure
Déjoue l'assonance et la rime en écho
S’il m’assomme un peu trop, un rire me rassure
C’est un petit quatrain qui m’emballe illico
Lui et moi nous allons vagabonder ensemble
Nous sautons des ruisseaux en nous donnant la main
Et si je l’aime bien c’est que je lui ressemble
Comme je le chéris le bel alexandrin !
LORRAINE
(Spécialement pour Yvette et SclabeZ, qui aiment les alexandrins)