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LE CAHIER DU SOIR de LORRAINE
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13 décembre 2012

LES ANIMAUX DANS LA MAISON

POUR NOTRE AMIE QUICHOTTINE

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     (Sur son blog, Quichottine (http://quichottine.over-blog.com/) racontait une jolie histoire de tortue et de grenouilles. Dans mon commentaire, je lui dis incidemment que j'avais possédé une tortue et elle me répondit qu'à mon tour, je devais raconter son histoire! J'extrais donc bien volontiers ce chapitre d'un manuscrit que j'avais consacré aux chats de ma vie. Pour l'heure, nous avions David, le chat et Swami une petite chatte adoptée récemment. Il semble qu'il nous manquait un tortue...)

XXX

 

Ce dimanche matin Marianne revient du marché avec son père. Je termine un dossier urgent, et comme je descends du bureau, je les entends qui rentrent.

- Maman ! maman ! appelle ma fille, très excitée, me semble-t-il. 

Je m’arrête net ; quelle nouvelle surprise me prépare-t-on ? .. Je commence à les redouter ; un chat, c’est bien, deux chats, ça va, mais plus…Ouf ! ce n’en est pas un qui sort de la boîte en carton, mais une tortue.

- J’en avais tellement envie, maman, et papa a bien voulu me l’offrir…

Ouais ! Papa n’a pas l’air plus fier pour ça. Il explique d’ailleurs, décontracté :

- Tu ne devras pas t’en occuper, une tortue s’élève toute seule, c’est une bête tranquille, sans histoire.

Je la prends avec un peu d’appréhension, mais elle sort la tête et me bombarde du regard noir de ses yeux en bille. Elle n’a pas peur, il faut le reconnaître, elle nage des quatre pattes pour que je la dépose et comme je m’exécute, elle s’en va d’une marche cadencée : « tip-top, ti-top ». Moi, j’entends : « Thé-o, Thé-o », comme si elle scandait son nom. Mon mari et ma fille me regardent, un peu surpris ; ils n’avaient pas encore pensé au baptême ! Mais ils sont d’accord. Théo fait donc partie de la famille, comme Cui, le canari femelle, les chats et le poisson rouge que Marianne (toujours elle) a gagné à la foire.

Un poisson à qui ni David, ni Swami ne veulent du mal ; ils viennent ensemble , chacun d’un côté de l’aquarium, boire longuement l’eau où le poisson apprivoisé et amical, remonte du fond vers les bouts de langue rose qui lapent en cadence.

Je me demande comment les chats vont accueillir Théo qui s’en va, nez au vent, faire connaissance avec « sa » prairie. Car manifestement, c’est déjà la sienne. Il n’a aucune timidité, pas de complexe, aucun intérêt pour Swami qui,

1

elle, par contre est totalement subjuguée. Qui est-il, cet animal rampant qu’elle n’a jamais vu dans les autres jardins et qui porte sa maison sur son dos ? Elle hésite à peine, puis joignant ses quatre pattes, se hisse sur la carapace du buldoozer lequel, insensible, continue son chemin. David est resté de marbre. Il regarde, superbe, ce bizarre attelage et Swami, enhardie, se penche vers la tête de la tortue et lui en caresse aimablement le dessus.

XXX

Bientôt ils se comporteront tous en indifférents, les uns connaissant les autres et respectant leurs petites manies sans s’émouvoir. Les chats, qui ont chacun leur écuelle, mais quelquefois partagent la même, verront Théo accourir quand ils en ont terminé et vider d’un bec (comment dire d’autre ?) preste les miettes du festin : croquettes sèches au poisson, au poulet, ou au lapin, car je varie les menus, un morceau de viande par-ci, du pain au lait par-là. Théo, les pattes de devant dans la mangeoire, fait table rase. Tout lui plait, mieux dirait-on que la salade ou les tomates que je lui prépare quotidiennement. C’est une force de la nature. Il se laisse prendre (que ferait-il d’autre ?) et caresser le dessous du menton, mais quelquefois, comme un chat, il souffle, preuve qu’il n’est pas content. On le repose alors et il va hâtivement vers les pousses de pois de senteur que Marianne avait plantées et qu’il dévore comme un animal préhistorique, avec fureur et persévérance.

Depuis le temps, j’ai pris l’habitude des portes à ouvrir, fermer, entrebâiller, cadenasser selon le cas, pour la facilité des chats et la sauvegarde des fauteuils, surtout en notre absence. C’est devenu un reflexe. Mais je n’imaginais pas qu’avec une tortue j’aurais aussi des précautions à prendre.

XXX

Théo était chez nous depuis environ un mois quand je le surpris dans un exercice périlleux qui me cloua sur place de stupeur. Le jardin proprement dit est séparé de la courette par deux marches. Au-dessus, Théo fait les cent pas, rageur, obstiné, la tête hors de la coquille, scrutant d’un œil exaspéré la hauteur de chaque gradin. Et soudain, il s’élance ; sidérée, je le vois faire une sorte de cumulet et, le dos arrondi de sa carapace servant à la fois d’amortisseur et de tremplin, atterrir sur ses pattes une marche plus bas. Il repart aussitôt dans le même élan et se pose ensuite à mes pieds de la même façon, visiblement satisfait. Après quoi, sans aucun gène, il pénètre dans la cuisine…

 

tortue-geante-des-galapagos

Ce tour de cirque, il va le répéter souvent. Si, ayant franchi la porte de la cuisine, il trouve fermée celle donnant sur le corridor, il la heurte de tout son poids, donnant des coups de butoir qui se répercutent jusqu’au bureau à l’étage et m’obligent à descendre pour rappeler Théo à l’ordre. Je l’ai trouvé plusieurs fois dans le salon et un jour au bas de l’escalier montant vers les chambres, tombé à la renverse et les pattes en l’air. Cette fois, il n’avait pas réussi l’exploit qui consistait, je présume, à gravir les marches. Je suis arrivée à temps pour le retirer de sa posture critique, mais il se fâcha et souffla plus fort que David et Swami ensemble ! Il fallut se résoudre à élever une barrière pour éviter désormais les explorations inattendues de cet animal hors du commun. Théo se résigna dès lors aux limites de son jardin et nous eûmes une relative paix !

 

LORRAINE

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Commentaires
O
Quelle aventure que celle d'avoir une tortue à surveiller et ton Théo avait l'air particulièrement casse-cou. Nous avons eu aussi une tortue terrestre à la maison et elle adorait se cacher dans le jardin, où nous avions parfois (malgré la petite taille de l'espace) bien du mal à la retrouver. A tel point que mes parents ont un jour collé un petit morceau de scotch fluo orange sur la carapace pour mieux repérer la coquine dans l'herbe...<br /> <br /> Je t'embrasse Lorraine.<br /> <br /> PS : je viens à l'instant de voir que chez Fabeli la solution a été quasiment la même que chez nous... ;-)
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M
Oui j'ai trouvé Lorraine, on a bien connu cette période , ça ne nous rajeunit pas, mais cela reste très fort ! Merci
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F
J'aime beaucoup trouver ces extraits de ton projet de livre sur tes chats. Tu as le don de savoir conter les histoires!<br /> <br /> Je me souviens, enfant, avoir eu moi aussi une tortue. Mon père avait tracé une croix blanche à la peinture sur sa carapace pour nous aider à la retrouver dans le jardin!
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I
Mamilouve, non je n'ai rien oublié, mais je ne voulais pas abuser de la place. Oui,Théo a été admirablement soigné et très vite remis grâce aux jeunes vétos qui l'ont pris en charge. Je ne sais plus qui portait qui, mais nous avons effectivement été à trois avec nos trois races qui avaient trois légers problèmes. Notre Cui souffrait d'une éruption sur une de ses pattes, cela a été réglé en deux coups de cuillère à pot! N'est-ce pas à ce moment-là que tu voulais épouser un vétérinaire?...Pas de chance, tu as rencontré un journaliste...Et c'est très bien ainsi! Notre Théo actuel (ton Petit-Loup) a le même nom que la tortue, mais on lui dira seulement quand il sera grand! . De toute façon, Théo, c'est un beau vieux nom...Les vieux messieurs de ma jeunesse s'appelaient souvent Théo. La mode leur a redonné du peps! La vie est un éternel recommencement...<br /> <br /> Bisous, Mamilouve,<br /> <br /> <br /> <br /> Lorraine
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M
Que de souvenirs ! Tu as oublié de conter l'histoire de sa patte blessée par le frottement de sa carapace. Cette patte avait d'abord enflé avant de devenir purulente et quand nous l'avions découvert, elle grouillait de petits vers blancs. Une horreur que Papa commença par désinfecter ! Le lendemain, je m'en souviens, nous sommes allés, Papa, toi et moi, à l'école vétérinaire voisine avec Théo pour sa patte (il suffit de limer la carapace pour éviter le frottement), David pour un abcès à la tête (il buvait du lait trop riche que lui donnait la voisine !) et Cui pour je ne sais plus quel problème. Il en profita pour s'envoler dans la salle d'examen, mais le professeur le rattrapa prestement. Nous étions chacun avec l'un de nos compagnons dans une section différente de l'école : reptiles, mammifères et oiseau. Les étudiants les auscultèrent tous avec beaucoup de gentillesse et de savoir faire, avant de nous remettre tout ce petit monde sur pattes. <br /> <br /> Et puis, tu ne mentionnes pas qu'aujourd'hui Théo, c'est surtout ton arrière-petit-fils, ton petit-fils ayant eu l'idée saugrenue d'appeler son fils d'un nom de tortue ;-)
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