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LE CAHIER DU SOIR de LORRAINE
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LE CAHIER DU SOIR de LORRAINE
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9 mai 2013

LA VISITE

 

         J’avais vingt ans, je venais de quitter cette maison que j’aimais et qui noyait sa solitude dans l’obscurité de l’hiver. Il faisait froid, un de ces froids qui hurlent à la mort dans les quartiers citadins. Je rentrais du bureau. J’avais un peu mal à l’âme, comme on s’émiette certains soirs brumeux qui ôtent toute espérance. Sur un coup de tête, j’ai pris le chemin de la maison vide.

         Je la connaissais bien, elle et son réverbère éclairant l’escalier fantomatique. Je ne suis pas peureuse. Donc je suis entrée, j’avais gardé la clef comme une amulette, dites-moi pourquoi ?

         Sans effort, je suis montée jusqu’au second où j’avais  ma chambre-bureau, il n’y a pas si longtemps. Rien. Personne. Le silence. Le bruit maugréé du vent. L’ombre floue de ma silhouette, la porte que j’ouvre. Rien... Rien ? Je tends l’oreille. Non, je rêve. Non, personne ne monte. Non, je n’entends pas vraiment ce frôlement sur le mur comme une main qui effleure. Non...Je ne bouge plus. J’attends. Je sais qu’il y a quelqu’un. Quelqu’un d’invisible, une ombre impalpable, un personnage venu d’où ? La main sur le mur effleure toujours, la caresse s’arrête à l’étage où je suis, mon cœur bat...Un imperceptible vertige m’inonde d’une certitude éblouissante : là, dans cette maison vide, quelqu’un vient à moi, quelqu’un d’un autre monde et qui à des choses à me dire...

         J’ai attendu. Longtemps. L’effleurement a cessé. La visite a pris fin. Je suis redescendue. Oppressée et pourtant heureuse d’un étrange bonheur inconnu.

         Rentrée chez moi, j’ai machinalement regardé le calendrier : nous étions le 28 mars. Pour beaucoup, cela ne signifie rien. Pour moi, qui l’ai lue avec passion, c’est Virginia Woolf emplissant ses poches de pierres et entrant ce jour-là dans la rivière. Pour toujours. A moins que, ce soir...

 

LORRAINE

VirginiaWoolf

Virginia Woolf, portrait de Georges Charles Beresford (1902)

 

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Commentaires
I
Bonjour, Jean-Jacques, Virginia Woolf c'est toute une ambiance, étrange et très ressentie. <br /> <br /> Bon week-end très amicalement,<br /> <br /> Lorraine
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J
Virginia Woolf, les vagues...<br /> <br /> Je vous souhaite une bonne soirée Lorraine
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M
A moins que ce soir.... elle ne soit venue rendre visite à sa fidèle lectrice ?<br /> <br /> Atmosphère étrange et bien rendue qui m'a poussé à en savoir plus sur Virginia W.<br /> <br /> Quelle triste fin elle s'est infligée...
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Q
Tu vois, je ne l'ai pas lu... mais j'imagine bien ce que tu as pu ressentir.<br /> <br /> Tu as le don de raconter et chaque mot nous entraîne avec toi.<br /> <br /> <br /> <br /> Merci !<br /> <br /> <br /> <br /> Passe une douce journée. Je t'embrasse.
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E
joli récit, troublant, à la frontière du surnaturel, merci Lorraine
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