THALY
Laurent bèche, du moins je le crois. Ou il désherbe ? Peut-être. En tous cas, Thaly non seulement lui tient compagnie, mais fourre son beau nez de bergère allemande dans les trous. Pour chercher quoi ? Sa balle !...
Oui, la balle que Laurent a emportée, qu’il prend et rejette, inlassable, sachant fort bien que la belle a besoin de courir, de chasser cette balle impertinente qui se cache dans les prés mais qu’elle débusque à chaque fois.
Assise un instant, attentive, soucieuse peut-être, elle suit les gestes de son maître. Tiens, il enfonce un pieu, à grands coups amples ; tout à côté, elle suppute : va-t-il planter un arbre ? Il tient un mètre pliant, avance de cinq pas, mesure et là, enfonce la bèche, comme un repère.
Thaly s’interroge. Des arbres, il y en a tant et plus, on ne pourrait les compter, alors ? Alors, parmi les boutons d’or, mâchonnant sa balle, elle réfléchit. Il ne faut pas tenter de comprendre certains actes des hommes ! Elle, la chienne, racle
parfois le sol de ses pattes arrière, comme une ruade, c’est pour jouer, se détendre. Mais lui, le maître, il se fatigue ! A-t-il vraiment besoin de s’escrimer de la sorte ? Patiente, elle attend, la balle dans la gueule, qu’il veuille bien la relancer. Il le fera, c’est sûr, elle le connaît si bien !
Mais ce fossé qu’il creuse à larges gestes connaisseurs, ce fossé pour l’instant exige toute sa force, c’est certain. Donc, patiente et compréhensive, elle lui tient compagnie et attend. Attend de tout son amour de bergère allemande...
LORRAINE