FLEURS
Ce ne sont pas des jonquilles. Jaunes, petites et drues, serrées en un bouquet improbable, au pied de l’arbre elles sont là, tout simplement. Elles ne posent pas de questions, même si Thaly la bergère allemande envoie sa balle en plein milieu et s’en vient joyeusement la reprendre. Même si Ben, le plus petit des chiens, les flaire de très près, mordille un instant, repart. Même si Athéna, nonchalante, les frôle de sa somptueue robe noire de dobberwoman. C'était hier.
Ce matin, j’ai ouvert le rideau pour m’en assurer: elles étaient là, bien sûr, mais comme si la nuit les avait abreuvées d’une eau miraculeuse, plus pimpantes, plus droites, elles s'étaient écloses sous le sapin et, déjà, l’entouraient de leur guirlande.
Nous ne nous soucions pas des petites fleurs des champs. Nous avons à faire des choses bien plus sérieuses. Mais, d’avoir surpris du jour au lendemain leur subtil épanouissement, l’invisible travail de la terre m’est apparu comme une évidence. Et, par le fait même, l’invisible puissance de la nature tout entière.
LORRAINE