PAUSE SANTE
Clouée au lit depuis dimanche par une gastro accompagnée de forte fatigue, je m'en remets doucement mais le docteur est formel: repos jusqu'à lundi au moins. Vous comprendrez pourquoi je n'ai plus donné signe de vie et m'en voyez désolée. J'avais préparé un petit texte juste avant mes crises digestives. Je le joins en espérant qu'il renouera notre dialogue interrompu. A bientôt à tous!
MILORD DANS SA MAISON
Quand Milord, prostré dans sa cage, débarqua dans son nouveau logis, j’eus grand peine à le faire sortir. Il s’était réfugié derrière un fauteuil où je réussis à le couvrir de mon peignoir familier et il resta là, sans manger ni boire pendant deux jours.
Nous causions, ou plutôt, je parlais ; « Milord, tu vois, c’est ta nouvelle maison, tu auras un jardin, tu découvriras enfin le parfum de l’herbe et son goût, viens, mon Milord, il n’y a personne, seulement toi et moi, n’aie pas peur ».
Mais il avait peur. A la fin du second jour, il sortit néanmoins de sa cachette et se réfugia d’un bond sous ma couette, là où il venait chaque soir jusqu’ici s’étendre et ronronner. Il se pelotonna contre moi et, enfin rassuré, avala le lendemain matin une assiettée de croquettes qui le remirent sur pied.
Allait-il sortir, tenté par le soleil du matin, les prés piqués de boutons d’or, l’appel de la nature ?...Non, ce civilisé, ce chat de compagnie, fidèle à sa vocation, prit tout son temps, examina les lieux, reconnut le divan, le fauteuil où il se prélassait, l'étagère aux petits chats, mon bureau, s’y installa, s’y endormit, toisa les chiens derrière la porte-fenêtre, consentit enfin à s’installer sur mes genoux, le soir après souper et redevint le Milord de toujours, doux et discret, muet mais présent. Car il avait perdu la voix. Lui toujours si bavard, qui n’hésitait pas à m’interpeller à l’heure du repas me pressant de le servir, n’émit pas un miaulement pendant plus de deux semaines.
Il lui fallut encore quelques jours pour murmurer un faible appel : il renouait enfin le dialogue interrompu et je sus que tout était rentré dans l’ordre. Et quelques jours plus tard, il fit sa première sortie. Hésitant, prudent, et finalement assuré, il découvrit l'herbe, le parfum des bois, l'étendue...et s'en revint fidèlement après un vagabondage qu'il renouvelle désormais tous les soirs. Il rentre affamé, mange comme quatre puis, silencieusement fidèle, s'installe sur la couette et s'endort.
Tout est bien !
LORRAINE