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LE CAHIER DU SOIR de LORRAINE
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LE CAHIER DU SOIR de LORRAINE
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13 octobre 2013

BEBE CADUM

 

 

Il vendait des journaux et moi je les achetais chaque jour. Il était blond, Vincent, preste, souriant, je le voyais à mi-corps dans le kiosque au coin de la rue.

- La Gazette, s’il vous plaît

 - Le « Laast Nieuws »..

Timide, j’attendais mon tour. J’avais 14 ans, des bas trois-quart, les cheveux à la chienne et des taches de rousseur. J’étais une habituée. Il me tendait « La Libre Belgique» machinalement.

- Tiens, Bébé Cadum, tu veux autre chose ?

- Non, merci. Au revoir, Monsieur.

- Au revoir, fillette.

Fillette ! M’avait-il bien regardée ? est-ce que je l’appelais « Jeune homme, moi ?

Bébé Cadum

Maman se le permettait quand d‘aventure elle m’accompagnait. Mais moi, j’étais courroucée. Et puis Bébé Cadum »…

- Mais c’est un compliment, affirmait ma mère. Il m’a dit un jour que tu avais son sourire.

Ah ! bon ! Mais c’est quand même un bébé ! Et moi, j’en ai assez de ces bas jacquard qui me font une jambe de garçon. Et puis, mon grand frère m’a promis que pour mes quinze ans je pourrais choisir mes nouveaux souliers. Plus ces horribles molières noires. Je sais déjà ce que je veux, je regarde tous les jours en passant la vitrine « Chez Antoine » où il expose de mignons souliers à talons, d’un bleu pas trop foncé ni trop clairs, bleus, quoi ! Je les mettrai pour acheter « la Libre » c’est dans huit jours mon anniversaire et je demanderai de longs bas comme cadeau à ma sœur. En soie peut-être, ou mercerisés tant pis, mais comme les femmes. Et alors on verra !

Je suis allée le coeur battant perchée sur mes premiers talons. J’avais aussi mis ma robe rouge à volants. Vincent m’a regardée distraitement, s’est détourné, puis il a vivement tourné la tête pour mieux me voir.

- C’est toi, Bébé Cadum ! Mais tu es une demoiselle tout à coup ! Ca lors ! Tourne-toi que je te voie mieux, allons, n’aie pas peur…

Un peu ridicule, un peu timide, j’ai tourné. Vincent approuvait dans son kiosque. Et trois clients approuvaient aussi.

Depuis lors, je sais qu’on attrape les hommes avec deux rubans et un sourire…

 

LORRAINE

 

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Commentaires
C
...ne "savait" serait plus doux à l'oreille !... :-)
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C
Tu avais l'âge où ce beau compliment était le pire des affronts ! j'imagine ton courroux toi qui te sentais si femme... que personne ne sachait reconnaître. J'adore comme tu racontes ce souvenir très vif et la chute aussi. Ke couillons ces hommes quand même !!! J'aurais aimé être là et voir cette "danse du kiosque"... Bisous à toi et belle soirée.
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M
Eh oui, même chose pour moi ! Ne pas oublier de noter, aussi !<br /> <br /> Bisous ma douce
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M
C'est si joliment tourné ! Et quelle mémoire Lorraine pour les petites et grandes choses de la vie, tu me remémore des détails complètement oubliés, tu m'épates !<br /> <br /> Mais ou je sais pour attraper les mouches, du sucre, des rubans !!!
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_
Que celle qui pense avoir gagné se détrompe. Car d'autres filles/femmes peuvent aussi avoir de plus beaux rubans et sourires, alors là, la faiblesse de l'homme peut rapidement le détourner... (Heureusement que tous les hommes ne succombent seulement à deux rubans et un sourire ;))<br /> <br /> <br /> <br /> Joli souvenir, Lorraine.<br /> <br /> <br /> <br /> Bises. Belle journée à toi.
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