L'ECOLE

Les poèmes de Maurice Carème sont des tableaux qui alternent le quotidien et la nostalgie. Il excelle dans ces croquis pleins de couleurs et de souvenirs. Comme cette "Ecole" dont la discrète féerie transcende la réalité.

XXX

L’école était au bord du monde,
L’école était au bord du temps.
Au dedans, c’était plein de rondes ;
Au dehors, plein de pigeons blancs.

On y racontait des histoires
Si merveilleuses qu’aujourd’hui,
Dès que je commence à y croire,
Je ne sais plus bien où j’en suis.

Des fleurs y grimpaient aux fenêtres
Comme on n’en trouve nulle part,
Et, dans la cour gonflée de hêtres,
Il pleuvait de l’or en miroirs.

Sur les tableaux d’un noir profond,
Voguaient de grandes majuscules
Où, de l’aube au soir, nous glissions
Vers de nouvelles péninsules.

L’école était au bord du monde,
L’école était au bord du temps.
Ah ! que n’y suis-je encor dedans
Pour voir, au dehors, les colombes !

Maurice Carême

Comments

[Nhand_]

Ah ! Maurice Carême (comme Prévert, Queneau, Fabbri...) fait partie de ces poètes dont j'ai appris des poésies à l'école, que l'on devait apprendre par coeur et réciter debout, sur l'estrade, devant tout le monde. Toute une époque (je me demande si on apprend encore des poésies à l'école, de nos jours), pourtant, ce n'était pas bien loin, c'était les années 80...



Merci d'avoir ravivé un morceau de mes souvenirs d'écolier.

Je t'embrasse, espérant que tu vas bien.

[cathycat]

J'aimais l'école à cette époque là. La magie s'est envolée avec l'entrée au collège... Bisous Lorraine j'espère que tu vas bien.

[Carole]

Oui, c'était un monde, l'école. Merci pour ce beau poème qu'on fait peut-être apprendre aux enfants d'aujourd'hui.

[marinelou]

Merci Lorraine, pour ce très beau poème de Maurice Carème qui nous enchante toujours !

Je t'embrasse bien fort

[Danalyia]

Un bien joli poème... J'ai découvert Maurice Carême il y a peu de temps, grâce à Francis Poulenc, qui a mis en musique sept de ses poèmes. J'en ai travaillé et chanté un, qui s'intitule "Le sommeil". Le recueil s'appelle "La courte paille".

Merci Lorraine pour ton blog, auquel je viens de m'abonner.