MARDI-GRAS
Mardi-Gras vient vers nous emmitouflé de frimas et pour nous convier dans sa ronde,
nous tend des mains encore transies. Il s’étonne peut-être que nous le boudions un peu. Mais nous avons peur que le vent caché sous son manteau s’engouffre dans nos costumes ou que la pluie déplume nos chapeaux. Il met un terme aux festivités carnavalesques célébrées en de nombeux lieux, villes et villages du pays et dans de nombreux autres célèbres pour leurs défilés dansants et mirifiques. Je sais bien qu'il est régi par des périodes bien précises. Néanmoins, je me dis: " Maître Carnaval, pourquoi n’attends-tu pas le printemps ?"
Nous irions à lui en riant, nous grimperions dans son char, chaque ville aurait sa bohémienne pour prédire l’avenir, et sa princesse pour y croire ; les rues se peupleraient de seigneurs et nous tenterions de deviner, à travers les loups, si leurs yeux sont bleus. Nous verrions des muscadins et des danseuses ; le costume blanc de l’Aiglon frôlant la cape du traître ; l’inconstant serait Don Juan et les griffes d’un ours retiendraient au passage Ophélie la blonde.
Nous dirions, avec un rien de hardiesse : « Beau masque, qui es-tu ? » lorsqu’un danseur nous aura entraînées et nous cacherions nos visages afin que nul ne sache si nous sommes jolies.
Carnaval charmant, tu n’auras pas l’esprit de venir en mai. Tant pis pour toi ! Les femmes aiment la douceur et mars a encore trop de tempête. Tu règneras tout seul et nous regretterons, derrière nos vitres, toute la joie perdue.
LORRAINE