QUAND PASSE LE SOUVENIR
Je joue à pigeon-vole avec mes souvenirs. Une petite fille donne la main à sa très belle grande sœur. Une photo les réunit, même robe à fleurs rouges, même sourire. Où sont-elles ? Où vont-elles ? Je cherche, c’est si loin !
La porte du mystère reste opiniâtrement close. Rien avant, rien après, juste cet instant . Il fut pourtant précédé d’une cavalcade d’heures gaies ou sérieuses, suivi de retours à la maison ou d’une promenade joyeuse. Je malaxe le temps entre mes mains, je l’interroge, je tente de lui soutirer l’endroit où nous étions, l’humeur de ce jour-là, et qui nous photographia. En vain !
Le souvenir a ses règles, il jette sa lueur fugitive sur une seconde qui demeurera toujours cette seconde-là, ni plus, ni moins. On voudrait dénouer l’écheveau. Nul ne le peut.
Alors j’ai rangé la photo fanée dans sa grande boîte tout aussi fanée, impuissante et, je l’avoue, un peu triste.
LORRAINE