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LE CAHIER DU SOIR de LORRAINE
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15 février 2015

LES BARBELéS DU TEMPS;;;

 

     Je suis prise dans les barbelés du temps ; ils m’immobilisent chaque jour un peu plus. Et tandis que la vie me coince, me confronte à la fatigue, ma lucidité s’accroît. Je suis une loupe grossissante qui voit clairement vivre les autres. Ils sont prévenants et se réjouissent de mon enjouement. Ils ignorent l’effort que demandent les renoncements successifs.

      - Non, je ne viendrai pas au théâtre. Tu sais, je me détache un peu… »

     C’est faux. J’adore le théâtre. Mais mon corps regimbe à sortir l’hiver, à escalader les gradins en titubant un peu (il n’y a pas de rampe rassurante), à trouver son fauteuil au milieu d’une rangée de jambes alignées.

     Voir l’exposition de Léonard de Vinci m’aurait comblée. Je suis une contemplative . Mais la foule m’angoisse désormais et les longues stations debout m’épuisent. Alors, je renonce.  Je renonce à dire la vérité. A 40 ans, à 60 ans, à 70 ans on peut avouer « Aujourd’hui j’ai le cafard ». Cela arrive à tout le monde. Et tout le monde l’accepte. Plus tard ,les proches risquent de s’inquiéter. Donc on se tait. On craint de peser, d’être une charge. On répond allègrement : « Moi, je vais bien ». Les autres sont rassurés, c’est l’essentiel.

     Certes, j’entends les échos de la vie active. Je me souviens de la mienne. Si active!...J’ai des remords. Ai-je été suffisamment voir maman en son grand âge ? Elle habitait dans la maison de ma sœur, qui était femme au foyer. Cela me donnait bonne conscience. Et je travaillais beaucoup. Mais n’a-t-elle pas ressenti avec mélancolie que sa petite dernière la délaissait ? N’a-t-elle pas souhaité que je passe une après-midi entière avec elle à parler de nous, d’autrefois ? Jamais elle n’en a rien dit. Et pourtant !... Aujourd’hui je comprends qu’on peut espérer qu’un jour sa fille, pour rien, sans motif, vienne passer quelques heures pour bavarder. Parce que demain il sera trop tard. 

     Vieillir, c’est regarder par une fenêtre, voir ceux qui vont, qui viennent, agissent. Et accepter de n’être plus qu’une spectatrice. Nous ne jouons plus dans la cour des grands. Notre temps est passé. Nous sommes dans l’antichambre d’une autre vie et si nous taisons nos moments de spleen, c’est pour ne pas inquiéter les plus jeunes . Eux aussi ont leurs problèmes, tellement lourds à porter et si souvent difficiles à résoudre ! Tellement plus difficiles que ce petit moment de spleen qui passe comme un voile devant les yeux et s'escamote d'un sourire.

     Voilà, c'est fini!. Bonsoir!

 

LORRAINE

Romy_Shcneider

 

 (Romy Schneider "Une femme à sa fenêtre")

 

 

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Commentaires
I
Chère, chère Chanteplume, merci pour ces lilas en profusion, cette chanson d'un temps où l'on savait chanter et dire les choses simples du coeur . J'aspire à voir refleurir les lilas, mais s'il fait lumineux ici le froid est toujours bien présent. Allons, encore un peu de patience, mars avance à petits pas... :)<br /> <br /> <br /> <br /> Je t'embrasse fort, chère Chanteplume, et espère que tu vas bien.<br /> <br /> <br /> <br /> Lorraine
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F
Ici Chanteplume ma Damedouce ton texte si beau ,si vrai me touche infiniment...les lilas vont refleurir..".http://youtu.be/tcc1zm7ietU"mille bisousoleil ma douce Dame****
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B
Partages !!! Rhooo
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B
Un joli texte très émouvant .Il va revenir le printemps et tu pourras le regarder de près maintenant que tu es à la campagne .<br /> <br /> Ecrire est ton moteur et tu le fais si bien ! Merci pour ces partage .<br /> <br /> Bonne soirée et bises
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L
Merci pour ces mots pleins d'amitié, chère Carole et ce regard clairvoyant qui pénètre les moments "barbelés" et remet, discrètement, lucidement, chaque chose à sa place.<br /> <br /> Je remonte la pente...et je réponds aux amies invisibles et pourtant bien présentes. Tu viens de me convaincre que je n'ai pas "renoncé" puisque j'écris. Et nous savons l'une et l'autre combien ces moments où l'on exprime découvertes ou sentiments, analyses ou émotions, sont des étapes de paix qui traduisent, à chaque fois, le goût de la vie.<br /> <br /> De loin, en ce crépuscule ensoleillé d'hiver, je te dis encore "Merci", chère Carole.<br /> <br /> <br /> <br /> Lorraine
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