REVIENDRAIS-JE JAMAIS...
Reviendrai-je jamais le long des berges mauves
Ecouter la chanson de l’étang assoupi
Le froufrou de l’abeille et l’oiseau qui frémit,
Ou le saut du crapaud apeuré qui se sauve ?
J’aimais le vent du soir et son profil d’archange
Sa voix étincelante et ses appels soudains
Aujourd’hui je le fuis ce maudit baladin
Ce danseur de faubourg qui hurle et se déhanche
C’en est fini des bois où je marchais songeuse
Des courses dans les prés dévalés en riant
Des fleurettes cueillies au hasard des tournants
A l’ombre des sentiers d’une vie amoureuse
Ma jeunesse s’enfuit dans un éclat de rire
Et je ne le sus pas, je ne devinai rien
J’avais toujours vingt ans, je le sentais si bien
Je ne m’inquiétais pas du temps qui nous déchire
L’automne de la vie que je ne voyais guère
S’installait hardiment et la tombée du soir
M’apparut tout soudain telle une femme en noir
Marchant frileusement dans la vie solitaire
Les saisons ont filé m’entraînant dans leur ronde
Et voici que l’hiver avance à petits pas
Il poursuit son chemin., il passe devant moi
Je lui souris déjà. Et mon cœur vagabonde…
LORRAINE
(Tableau de Delphine Enjola)