JARDIN DE MAI
Un oiseau aiguise sa voix dans le lilas ; le chat s’est mis à l’ombre, il fait chaud. Des moucherons actifs montent dans le soleil. Ils vivent leur matin éphémère en chantant et ils ne savent pas que le soir les verra, gorgés de parfums, s’éteindre sur un parterre.
Des fleurs sont nées au faîte de chaque muraille et viennent voir, dans le jardin d’à côté, s’il y a des papillons. Des géraniums explosent dans la lumière et grimpent le long de la grille ; quelquefois un moineau peu farouche vient leur conter je ne sais quelle histoire en s’expliquant du bec et des yeux.
Le soir viendra presque obscur couché sur les haies et laissera le ciel clair pointé d’étoiles. Je le verrai de ma terrasse et je resterai longtemps , longtemps, mêlée à la nuit, pour le plaisir de son ombre et de toute sa mélancolie.
LORRAINE