Le chemin de halage s’enfonce
dans la nuit tombante. La lumière
falote du réverbère cligne comme un œil borgne.
Ils ont parlé de représailles…
Dans l’obscurité de sa chambre,
l’homme se redresse. Il a essuyé
des tempêtes, affronté le vent debout, connu l’ivresse des cieux italiens et le
goût hâlé des Tropiques. Le
sablier de la vie compte, jour par jour, ses exploits et ses dérisions. Et s’il soliloque, assourdi par la
musiquette du bar dont le crescendo hurle jusqu’à son premier étage, c’est
parce qu’ils ont aussi parlé d’ »échange »…
Il les connaît. Depuis trois ans déjà il déjoue leurs filatures et leurs pièges. Il est seul. Ils sont trois, puissants, menaçants. Pourquoi a-t-il emporté l’infante qui
trônait sur le chevalet, petit tableau de maître espagnol qui le subjugua au
premier regard ? Oui,
pourquoi ? Eux aussi le
guignaient.
C’est l’heure. De la délivrance ? Un bref
instant, sa silhouette s’encadre à la fenêtre. La route est déserte. Là, plus bas, la Meuse scintille sous la lune.
L’homme allume une
cigarette ; sa pointe incandescente troue une seconde l’obscurité.
Merci de votre passage, Gé; J'essaie que mon blog reflète la vie qui va, sans hargne, sans colère, et sans illusions. J'essaie d'apporter un sourire, quelquefois, mais jamais une perfidie. Avec amitié,
Belle conteuse aux ressources inimaginables, merci! Je copie-colle l'histoire de cette infante et ds que je me sentirai en verve, je compléterai. Tu me tends là une main secourable dans ton registre absolument délicat, qui va me permettre de continuer. Ni aujourd'hui, ni demain. Mais j'y reviendrai et en attendant, pour ceux et celles qui nous lisent, j'annonce l'événement! Merci, délicieuse Quichottine, je t'embrasse les mains.
Comme tous ici, j'ai eu envie d'une suite... Saura-t-il se sauver de ceux qui le cherchent ?<br />
Et puis, j'ai imaginé le tableau, l'infante...<br />
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Et si ?<br />
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Si la possession de ce tableau le ramenait à un jour très ancien dont il n'a plus souvenance, et durant lequel il l'a connue, elle, l'Infante de Castille.<br />
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Lui n'était rien qu'un petit page qui la suivait dans son voyage pour le royaume d'Aragon où elle allait épouser le roi, par ordre de ses parents.<br />
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Il n'était rien qu'un petit page, mais il avait su la distraire, sur le chemin qui la séparait d'un trône.<br />
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Sur le chemin, des brigands, une lourde bataille, et le coup qu'il avait reçu en protégeant sa maîtresse. Il était mort dans ses bras... cette fois-là, après qu'elle eût déposé sur son front candide un doux baiser dont il se souvenait encore quand il rêvait sur son lit, solitaire.<br />
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Il se souvenait du baiser, mais pas du voyage, pas de l'Infante...<br />
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Mais, ce jour-là, sur le chevalet, le tableau l'avait appelé, il n'avait pas hésité, pas même une minute. Il s'en était emparé...<br />
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... ensuite, chère, très chère Lorraine, il te faudra raconter.<br />
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Lorsque tu iras mieux, ma douce amie.<br />
Je t'embrasse fort.