MOUCHERON
Inutile, chantonnant, un moucheron tourne dans le soleil. Il s’élance à l’assaut du rayon puis, soudain, virevolte, atterrit sur la corolle d’une tulipe ouverte, s’y assied. Personne ne le regarde, il n’est qu’un moucheron fuselé parmi tant d’autres, se frottant consciencieusement les pattes, à petits coups, méditatif.
Je l’ai épié de tout près, guettant ses mines de bon apôtre, confites et benoîtes. Il paraissait s’agenouiller, dansait un vague menuet plein de courbettes, se massait le corps, s’enfilait d’invisibles, d’interminables gants de cérémonie, modulait tout à coup une musique zézayante, puis, fantasque, gonflait les ailes pour un voyage problématique.
Il m’a quittée ainsi dans la lumière du matin, happé par le grand espace, comme une petite poussière, rien de plus, une infime poussière grise qui m’a intriguée un instant.
LORRAINE