DAVID & C° (suite)
Il est environ 2 H. du matin quand Maurice me réveille: "Viens vite, David est tombé dans la peinture!". Je suis debout en un clin d'oeil. Dans la peinture! Maurice a déjà extrait le chat de la boîte suspendue à l'échelle et le tient à deux mains, embarrassé et inquiet. J'attrape en vitesse une grande serviette de bain pour éponger le plus gros et j'enroule le pauvre David comme un poupon, y compris la tête, ne laissant dépasser que le museau. Puis, je le fourre dans les bras de mon mari:
- Qu'il ne se sauve pas, je vais le nettoyer.
Se sauver? Il n'y pense guère. Barbouillé de peinture gris clair, il en a sur le nez, les yeux, les moustaches et le corps dont je m'occuperai après. Pour l'instant, ce sont les yeux mi-fermés, collants et qui doivent lui faire si mal.
Il s'abandonne, je tamponne abondamment à l'eau tiède les paupières, le nez fin, j'en remets, je sèche, je nettoie encore pour être sûre; il est confiant, il ne bouge pas dans les bras de son maître, et quand le museau enfin débarbouillé me semble net, nous délivrons les pattes de devant et le cou, poisseux, dont les poils collent. J'effleure avec du white spirit; puis le rince et j'y revient autan de fois qu'il faut, jusqu'à avoir un chat tout neuf. Propre enfin, mais tout mouillé, il se laisse emmailloter dans une serviette sèche et comme ma main passe devant lui, il la lèche d'un coup de langue râpeuse.
Qui oserait prétendre que les animaux ne nous comprennent pas? Ils savent que nous les soignons quand nous leur infligeons des traitements qu'ils n'aiment guère, dès l'instant que nous leur parlons avec douceur. David a horreur de l'eau et pourtant il supporte ce bain indispensable, qu'il terminera en se lèchant partout, consciencieusement et c'est tout sec qu'il viendra ensuite dans notre chambre, où il s'étalera en ronronnant sur l'édredon. Nous n'aurons pas le courage de le renvoyer!..
débarbouillé
PASSANTE